Voici l'humoriste Swann Périssé sur la colère et son spectacle Calme, lors d'un enregistrement du podcast avec vous à la Recyclerie !
Foncez voir le spectacle Calme de Swann : https://linktr.ee/swannperisse
SOMMAIRE
01:29 Pas le temps d’être écolo
04:32 Son spectacle Calme
08:27 Colère écolo vs féministe ?
10:22 Gérer ses émotions
16:42 Y’a plus d’saisons
18:00 Son grand-père
22:02 Anecdotes
__
Merci au sponsor du mois : le Festival Agir à Lyon !
Au programme : Ateliers, balade sur la nature en ville et témoignages de reconversion pro !
L'Institut Transitions qui forme en 1 an aux métiers de la transition sera sur place.
Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
[00:00:00] Et pst ! T'es chauffé à l'électricité ? Ça te dit d'économiser 15% sur ta consommation sans dépenser 1€ ? Parce que le prix du chauffage, ça pique ! Voltalis, c'est un thermostat gratuit qui a déjà permis à 200 000 familles d'économiser jusqu'à 1 mois de facture. Comment ? Lors des pics de demande, Voltalis réduit légèrement la consommation de tes radiateurs électriques sans impact sur ton confort. Ça évite d'allumer des centrales à gaz ou à charbon à la place. C'est écolo, économique et éco.
[00:00:29] Et gratuit ! Alors rendez-vous sur Voltalis.com pour en profiter ! Voltalis.com ou clique sur le lien en description. Les amis, je suis désolé pour le son. Je vous rassure, ça s'écoute quand même très bien. Alors bonne écoute, régalez-vous bien avec les blagues de Swan. Un tonnerre d'applaudissements pour Swan, s'il vous plaît !
[00:01:00] Bienvenue dans Soif de Sens, l'émission qui t'aide à construire une vie et une société pleine de sens. Chaque semaine, je reçois un humain inspirant pour t'aider à incarner le changement. Et aujourd'hui, on accueille l'humoriste Swan Périsset. Faites du bruit, Swan ! Là, c'est long, là. Salut Swan, ça va ? Oui, ça va très très bien. Je suis très contente d'être ici.
[00:01:25] Si tout se passe bien, on va rire en parlant d'émotions et surtout de colère, de colère écolo et féministe. Et on est à la recyclerie pour un enregistrement de podcast avec du public. Comment ça va la recyclerie ? Alors Swan, je te présente en 10 secondes. T'es productrice et humoriste. Sur scène et sur les réseaux sociaux où, clairement, tu cartonnes. T'as un humour cash qu'on aime beaucoup. Où tu parles autant de tes histoires de cul pour dénoncer le sexisme et le patriarcat. Et parfois juste pour rigoler aussi. Que de toilettes sèches et d'effondrement.
[00:01:55] Tu vas voir comme toi, je fais des prises de parole un peu longues, mais après tu peux... T'inquiète, t'inquiète. Il m'a mis un petit taquet là au passage, on est d'accord. Comme toi, parfois je parle pendant des heures sans laisser les autres remplacer l'une. Ça risque de se chambrer un peu pendant les deux heures à fond. Pour commencer, comme beaucoup d'humoristes, t'as galéré avant de percer. Tu racontes que tu vendais des légumes de 6h du mat' à 14h. Tu faisais des vidéos YouTube l'après-m' et le stand-up le soir. Je sais pas pourquoi je te vois trop gueuler sur les marchés. 2€ le kilo de patates, messieurs-dames !
[00:02:22] Alors oui, en vendant tes légumes au marché, t'as commencé à t'intéresser à l'écologie via ce qu'on mange. Mais tu dis qu'en vrai, t'es surtout devenue écolo une fois que t'as commencé à gagner ta vie et avoir du temps. Tu peux nous raconter ? Oui, tout à fait. Ben disons que j'ai traversé une petite période de précarité relative parce que j'ai toujours eu des amis, de la famille. J'ai grandi à Paris, donc je sais pas si on peut vraiment appeler ça de la précarité. Mais j'ai eu des moments où je dormais vraiment pas beaucoup la nuit
[00:02:50] et je courais entre les jobs et les scènes. Parce qu'en gros, je faisais des jobs pour gagner ma vie, notamment au marché. J'étais pas du tout dans un marché où on criait comme ça d'ailleurs. C'est vraiment le cliché de « elle tombe, elle tomate ! » Mais vraiment, la plupart des gens au marché ne font pas ça. Mais quand on est parisien, on croit que c'est ça le marché parce qu'on va pas marcher. Bref ! Mais bon, c'est pas grave. Et donc, je dormais très peu la nuit. Je dormais 6 heures à peu près. Le matin, j'allais au marché.
[00:03:20] L'après-midi, j'écrivais des vidéos, je tournais des vidéos YouTube. Et le soir, j'allais sur scène parce que je fais du stand-up depuis longtemps, même si ça n'avait pas longtemps que je fais des spectacles accessibles, qu'on peut voir facilement. En gros, j'ai fait beaucoup de spectacles sans être connus. Beaucoup de spectacles avec pas de public dedans. Et là, maintenant, il y a du monde. Donc c'est cool. Et oui, à ce moment-là, j'avais le temps de cuisiner parce que j'avais des légumes gratos en travaillant au marché. Mais j'avais pas le temps de lire des livres, j'avais pas le temps d'écouter des conférences,
[00:03:49] j'avais pas le temps de développer, d'aller dans des écolieux, de réfléchir à ma consommation de transport alimentaire, etc. Et c'est vrai que j'ai eu besoin de me dégager du temps. Et quand est-ce qu'on a du temps ? C'est quand on a une situation un peu moins précaire. Donc je passe soit en CDI, soit du temps le week-end, le soir, ou à d'autres moments. Et que donc on est pas, quand t'es en indépendant, comme ça a été mon cas toute ma vie, t'es pas à deux semaines près sans revenus quoi. Là, tu peux te permettre de lire des livres,
[00:04:17] de développer des confs, de prendre des notes, etc. Et donc, longtemps j'ai dit qu'il y a une partie de l'écologie qui est très bourgeoise, qui nécessite du temps pour développer notamment le zéro déchet, qui pourrait changer son quotidien dans l'appart, dans sa maison. Mais ouais, je pense que ça demande du temps de réfléchir et tout. Maintenant ma vision a encore changé, je pense pas que l'écologie est bourgeoise, parce que je me suis rendu compte que c'était aussi militant, que c'était une réflexion politique
[00:04:44] et que tout le monde pouvait avoir accès à la politique et à la lutte. Mais disons, la façon dont on a l'impression qu'on doit changer nos quotidiens pour faire de l'écologie, ça nécessite du temps, donc c'est bourgeois et on remet la responsabilité sur les individus. Et depuis, ma réflexion a été poussée au fait que c'est aussi de la lutte politique et des réflexions globales qu'on peut avoir tous et tous ensemble. C'est pas juste faire sa propre lécime. Non, effectivement. En ce moment, tu joues ton spectacle calme à Paris jusqu'à la fin du mois.
[00:05:14] Dépêchez-vous, les Paris Gros. J'étais sur scène hier soir et je serai sur scène ce soir. Oui. Il y a beaucoup plus de monde, hein. Mande de losers. Voilà comment elle vous donne envie de venir à son spectacle. Puis, en tournée avril-mai-juin partout en France, apparemment, tu as toujours eu des problèmes de colère et tu as dit à tes potes, les gars, j'ai trouvé la solution à mes problèmes de colère. C'est quoi le délire ? Parce qu'eux, ils étaient là, tu vas enfin avoir une piscine, soit... Tu es venue voir mon spectacle ? Non. Qui t'a dit ça ? Je sais même pas.
[00:05:44] Ah ouais, c'est incroyable ! C'est pas lui qui a préparé l'interview, en fait. Non, parce que je parle vraiment, vraiment de ça sur scène, mais je me souviens pas d'en avoir parlé en interview. Peut-être c'est ton assistante qui m'a envoyé les extraits. Ah oui, d'accord, ça peut être ça, ouais. Ouais, ouais, non, mais en gros, je raconte... Pendant tout le spectacle, en fait, il y a des échanges avec ma meilleure amie Louane, qui me dit que j'ai des problèmes de colère et qu'il faut que je les gère, etc. Donc, je raconte... Tout le spectacle, donc le spectacle qui s'appelle Calme, parle de mon cheminement à travers la colère et d'abord la culpabilité d'avoir été en colère,
[00:06:12] les solutions politiques et de lutte que j'ai trouvées au fur et à mesure. Et donc, il y a un moment où je dis à Louane « J'ai trouvé une solution » et elle me regarde et je vois le sourire sur son visage et je vois se dessiner sur ses lèvres le mot « Une thérapie » Et je suis là « Pas du tout ! Je vais écrire un spectacle de stand-up ! » Je vais rentabiliser ma souffrance ! Ça a été l'une des solutions. Au début, je raconte qu'on me disait que j'avais un problème de colère, un problème de colère,
[00:06:41] et qu'au fur et à mesure, je me suis rendu compte que le problème était plus global et c'était pas un truc qui pouvait se résoudre en travaillant sur sa responsabilité individuelle et sur son développement personnel, mais que c'était de l'indignation en fait. C'est qu'il y avait beaucoup de raisons d'être indigné. Il y a la raison ! Les militants de gauche sont là ce soir, enfin cet après-midi. Et ça le fait moins. « Les militants de gauche sont là, cet après-midi ! » Ça fait beaucoup moins que ce soir ! L'événement, je pouvais pas dire soirée, j'ai galéré à trouver...
[00:07:10] Les militants de gauche sont là pour le goûter ! En vrai, ça ramènerait du monde. Alors on a prévu... Je vais dire de l'ICT, mais non c'est nul, faudrait un truc... Du thé à la kombucha, je sais pas quoi. Tu penses qu'on devrait être plus en colère qu'on ne l'est ? Oui, je pense qu'on devrait être plus en colère qu'on ne l'est. Mais par contre, je pense que c'est très désagréable de traverser sa colère et de la ressentir, de la traverser dans le corps. En fait, ce que j'explique dans le spectacle, c'est qu'on nous a... Je parle surtout des femmes, mais je parle aussi des pauvres et des opprimés.
[00:07:39] J'explique qu'on nous a déconnectés de l'émotion de la colère, notamment les petites filles en nous disant d'être sages, d'être polies, d'être souriantes, et qu'en fait, on nous a dépossédés de l'émotion la plus à même à nous aider à nous mettre en mouvement ou à lutter ou à changer les choses dans notre vie et dans notre entourage. Et en fait, la colère, c'est un signal qui est là pour te dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc, ce n'est pas être en colère qui n'est pas OK. C'est de ne pas écouter cette colère. Et en fait, le mot émotion, ça vient du latin mot verré,
[00:08:08] qui veut dire mettre en mouvement. Et donc, une émotion, c'est quelque chose qui est là pour te dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Comme quand tu mets ta main sur une plaque de cuisson brûlante, ta main, elle va se retirer directement parce qu'il y a un danger. En fait, les émotions, elles sont là pour te dire qu'il y a un danger, il y a quelque chose qui ne va pas, il y a quelque chose qui n'est pas OK. Et il faut bouger, il faut se mettre en mouvement. Et en fait, vu qu'on nous a appris à étouffer notre colère, on nous a appris que ce n'était pas bien d'être en colère, que c'était interdit, que c'était illégal, que ce n'était pas OK,
[00:08:36] qu'il fallait juste accepter la vie qu'on nous propose, marcher la tête basse et on pouvait rigoler sur Insta et aller consommer pour se calmer. Et bien, on ne s'est plus mobilisés, en fait. On ne s'est plus s'en parler ensemble, dire « Toi, tu as la même colère, moi aussi, ça veut dire qu'il y a un truc global qui ne va pas. » Donc, on a transformé ça en problème, alors que ce n'est pas un problème d'être en colère. Ce qui est un problème, c'est de ne pas agir en fonction ou d'être tout le temps en colère. Donc, c'est clairement notre système qui a un problème.
[00:09:05] Yes, arrêter de médicaliser ou d'individualiser des trucs, genre l'éco-anxiété, la colère, etc. Ça peut aider, mais ce n'est pas la seule chose qui explique. Si tu ne t'attaques pas à la racine du truc, forcément… C'est ça. En tant que femme humoriste qui met des décolletés et qui parle de sextoy, tu te prends des vagues de sexisme H24. D'un autre côté, tu es devenue de plus en plus écolo, et donc en colère aussi, face à la destruction du vivant. Entre autres, ta colère écolo et ta colère féministe.
[00:09:32] En quoi est-ce que c'est la même colère ? En quoi est-ce qu'elles sont différentes ? Moi, je trouve que je subis plus le sexisme au quotidien que les conséquences du réchauffement climatique ou de la chute de la biodiversité et tout. Je pense que si on peut réécouter ce podcast dans dix ans, ça aura peut-être changé. Mais moi, j'estime être parmi les privilégiés en France aujourd'hui, donc je ne le sens pas dans mon quotidien. Tu vois, je n'ai pas l'impression de souffrir terriblement des canicules, même si on en souffre tous sans le voir,
[00:09:59] parce que les productions de nourriture sont impactées par ça, entre plein d'autres choses. Mais alors que le sexisme, je le vis tous les jours, dans la rue, au travail, dans ma sexualité, dans mes relations amicales, dans mes relations amoureuses, dans les remarques que j'entends, dans le harcèlement sur Internet et tout. Donc moi, vu que ma comédie parle beaucoup de la colère, elle part beaucoup de la colère, les vannes, c'est plus facile pour moi de faire des blagues contre le sexisme, entre guillemets,
[00:10:26] parce que c'est très quotidien, c'est très énervant, c'est les commentaires. Alors que l'écologie, il faut plus que je creuse, que je comprenne ce qui se passe. Mais je pense que c'est difficile d'être écolo sans être féministe, parce que tu essaies d'opérer un changement de système. Tu vois, c'est plus une colère sourde de système. Il y a l'écologie où tu es là, genre on fonce dans le mur, on y va tous en souriant, comme des petits robots, et c'est énervant. Alors que le sexisme, je peux plus agir dessus au quotidien, j'ai plus de conversations.
[00:10:56] Oui, tu vois, le mec qui te fait une remarque sexiste, tu vois l'ennemi. Ouais, c'est ça, exactement. Toi qui a longtemps été débordé par tes émotions, entre les insomnies, la colère donc, les boules dans la gorge, etc. Par exemple, tu culpabilisais d'être une mauvaise ménagère. Le ménage, c'est pas ton kiff. Moi non plus. Il y a même un de tes ex qui t'a dit, « C'est un casque, j'aurais voulu avoir une femme plus traditionnelle. » Et toi, tu es là, « Mais je ne suis pas une baguette tradition en fait. » Mais tu as appris à accepter de vivre tes émotions,
[00:11:24] et deux, trois fois par semaine, tu te prends je ne sais pas combien, peut-être dix minutes pour traverser tes émotions, pour qu'on reparte d'ici avec un peu des conseils pratico-pratiques. Ça ressemble à quoi ces moments d'auto-bienveillance pour accueillir ces émotions et notamment la colère ? Alors c'est quelque chose que je fais comme on fait sa toilette, comme on prend sa douche ou on se droit ses dents. C'est vraiment un exercice. Je sais qu'il y a des gens qui arrivent justement à faire ça pour le ménage ou à faire du sport. Et je pense que c'est vraiment nécessaire
[00:11:52] de pouvoir faire face à sa tristesse ou à sa colère. Donc objectivement, j'ai vraiment l'air d'une folle, mais je conseille de le faire. Les trois grosses émotions qui traversent mon corps régulièrement, c'est la colère, la tristesse et la culpabilité. C'est comme, j'imagine un petit personnage, mais c'est quelqu'un qui vient toquer à ta porte et qui te dit « J'ai besoin de vivre, j'ai besoin d'exister dans ton corps et tout. » Donc regarde-moi parce que sinon je vais rester là tout le temps. Et donc si vous êtes en colère et que pendant, je vais dire plusieurs jours, mais je sais qu'il y a des gens que c'est pendant plusieurs années,
[00:12:21] vous êtes là « Non, c'est bon, je ne suis pas en colère. » Vous aurez toujours une partie réprimée au fond de votre ventre ou au fond de votre tête qui dira « J'ai envie d'exister, j'ai envie d'exister. » Donc objectivement, je m'allonge. Soit je mets de la musique, soit je n'en mets pas. Et j'essaie de décrire ce qui se passe dans mon corps, mais moi-même. Donc je le dis à voix haute. Donc je dis « Là, j'ai mal dans le bas du ventre, j'ai des boules dans la gorge, j'ai l'impression que mon diaphragme est contracté, j'ai des fourmis dans les jambes. » Voilà.
[00:12:51] Donc je le dis et avec une deuxième voix, ce qui ne m'améliore pas du tout dans la schizophrénie. Ce n'est pas vraiment ça être schizophrène, c'est pour la vanne. Avec une deuxième voix, j'accueille ça. Donc je dis « C'est OK, tu vois. » Je dis « Si c'est la tristesse, je dis « Vas-y, laisse-la brûler tout ton corps. » Et donc je la laisse arriver et je décris ce qui se passe. J'ai envie de pleurer, j'ai peur ou je tremble et tout. Et si vous avez peur de faire ça, parce que ça fait hyper peur, notamment quand vous êtes très en colère, et j'en parle dans le spectacle aussi,
[00:13:21] je dis « La personne qui m'a appris à faire ça, je dis au début, j'étais là, non, ce n'est pas possible. J'ai peur que ce soit un volcan qui brûle tout ce qu'il y a autour. J'ai trop peur. » Vous pouvez mettre un chrono, comme ça, 10 minutes après, vous en sortez, vous êtes « OK, je vais aller faire ma lessive. » Vous pouvez faire un truc un peu plus concret. Et le fait de nommer ce qui se passe dans son corps, de décrire, etc., ça permet à ses émotions d'exister et de moins en avoir peur.
[00:13:50] Mais quand tu fais face à tes émotions, finalement, tu rends-le-toi que c'est moins terrifiant et que tu peux être très triste et que ça ne va pas t'emmener dans des abîmes de tristesse pour toujours. Et pareil pour la colère, tu vas pas te mettre à mettre le feu à ton appartement, alors que tu as toujours cette impression quand tu la laisses pas traverser ton corps. En tout cas, moi, je l'ai. Je vois les gens qui s'identifient, les gens qui sont là… C'est quoi cette délire ? Qui a de la raconte. Après, vous testez, ça marche, ça marche, ça marche pas, tant pis. Est-ce que tu te reconnais dans le film Yes Man ? Je pense que tu vois.
[00:14:19] Oui, je vois le film Yes Man, c'est avec Jim Carrey. Qui dit oui à tout. Toi, c'est un peu ça. Ton kiné dit « on devrait faire un marathon ». Et toi qui n'as jamais couru, tu dis « ok, on commence quand ? » Oui, c'est vrai. Pour un pote qui dit qu'il rêve de faire Paris-Copenhague à vélo, toi tu lui dis « bah ouais, moi aussi, ça a l'air trop facile de te chauffer ». C'est bizarre cette phrase. Oui, pour un projet sportif. Un projet sportif en extérieur. Le mec qui s'enfonce.
[00:14:48] Et je trouve ça génial comme philosophie parce que récemment, il y a quelqu'un qu'on aime beaucoup tous les deux qui t'a pris un peu à ton propre jeu. Tu peux nous raconter ton Paris avec notre copain Guillaume Meurice ? J'ai un podcast qui s'appelle « Il y a plus de saison ». C'est un spectacle en public où j'interview un ou une spécialiste de l'écologie. Et en gros, Guillaume Meurice me demande devant tout le monde si je suis végétarienne. Et je réponds « bah oui » tout de suite. Il dit « d'habitude on ne doute pas quand on pose cette question. » Parce que je mange de la viande de temps en temps. Du coup, j'en mange plus.
[00:15:17] Donc il m'a chahimée devant tout le monde. Il y avait 400 personnes. Pendant 1h10, il m'humilie parce que je ne suis pas végétarienne. Il dit « c'est super simple d'être végétarien. Il suffit de dire non quand on te propose de la viande. » Je suis là, quelle horreur ! Et donc oui, j'ai promis que je ne mangerais plus jamais de viande. Voilà, donc c'est le nouveau pari. Mais bon… J'en mangeais pas beaucoup avant ! Et juste pour info, parce que ce n'est pas… Juste parce que Guillaume Meurice m'a demandé, c'est parce que à échelle individuelle, c'est l'une des choses qu'on peut faire
[00:15:45] qui a le plus d'impact écologique. C'est un truc qui a vraiment un impact, qui peut vraiment être inspirant, surtout quand tu es influenceur ou influenceuse, et communiquer l'envie de faire ça aux uns aux autres. Pas lubi comme ça. Et le film Yes Man… Alors j'aime bien dire oui aux défis sportifs, qui sont réalistes. Parfois j'ai des potes qui me disent « Viens, on va courir hyper vite pendant deux heures », je dis « Bah non, j'ai pas envie de mourir ». C'est par contre des trucs qui se préparent… Par contre pendant trois mois, ça me dit…
[00:16:14] Ouais, c'est vrai que j'ai fait ça pendant trois mois. Mais le vélo, tu vois, il y a un truc de… Tu peux aller doucement, tu peux aller au rythme, tu peux faire une journée de 9h en 3 fois 3h, tu vois, enfin il y a un truc plus accessible. Et par contre le film Yes Man, même à l'époque que j'ai regardé, c'est un mec qui dit oui à tout. Et en fait je me suis dit vraiment quand il y a une femme, tu peux pas parce que c'est trop dangereux quoi. Moi je peux pas dire… Pendant un mois, j'ai dit oui à tout parce qu'il y a des mecs qui disent « Tu veux pas que je me suicide dans la ruelle ? Je vais pas être là, d'accord ».
[00:16:44] Il y a trop de… C'est le défi, tu vois, il y a trop de harcèlement sexuel. On nous propose trop de choses dangereuses en fait. Vraiment je me souviens à l'époque, alors que j'étais pas spécialement éveillée au féminisme, j'étais là, bah super, un homme blanc et musclé qui dit oui à tout. Je crois qu'il a une relation sexuelle un peu avec une femme âgée, donc c'est un truc un peu… Où je pense que c'est problématique ce film aujourd'hui, il faut le regarder. Donc c'est un peu particulier et tout. Et c'est pas pareil quand t'es une femme dans une société sexiste quoi. Donc c'est important de le dire pour moi. Très bon point.
[00:17:14] Et je confirme en tant que représentant de la police des végétariens, Camille dit « manger végé ». T'as donc lancé un podcast effectivement qui s'appelle « Y a plus de saison » où t'as interviewé plein d'écolos inspirants, notamment qui sont passés aussi dans ce web de sens, Cécile Duflo, Camille Etienne, super Fatima Ouassac. Si là je te demande ton meilleur souvenir d'Y a plus de saison, c'est quoi ? Je pense que c'est de voir Claire Nouvian décrire les animaux des fonds marins.
[00:17:43] En gros c'est une spécialiste des océans et des mers. Et donc c'est aussi une grande militante, c'est la présidente de l'association Bloom. Elle a obtenu plein de victoires écologiques, notamment l'interdiction de la pêche électrique. Elle se bat pour la protection des zones marines protégées, mais qui ne sont pas vraiment protégées en Europe. C'est elle qui a réussi à interdire le chalutage de fonds dans plein d'endroits aussi dans le monde. Donc on la connaît surtout pour ça, mais quand tu la vois décrire le poulpe à oreille ou des méduses qui se donnent la tentacule,
[00:18:10] je ne sais pas comment dire, mais sur 110 mètres de long dans les océans, c'était tellement touchant et magnifique. En même temps c'était drôle et trop bizarre, parce qu'elle faisait genre on comprenait de quoi elle parlait, j'étais là, on ne comprend rien. Et touchant. Il y a un monde qu'on n'imagine absolument pas et que même l'humain connaît très très mal de biodiversité dans les fonds marins à plusieurs milliers de mètres et qu'on ravage pour avoir du son nom intermarché. Exactement. C'est bien parce que j'auto-sabotte l'ambiance de mon événement. Non, pas du tout.
[00:18:39] Dans tes interviews, tu cites énormément les gens qui t'ont aidé dans ta vie, tes profs, tes rencontres et même des gens que tu ne connais pas. Par exemple, pour ton trajet Paris-Copenhague à vélo, tu dis que tu as de la gratitude pour l'amie qui t'a donné l'idée, la femme qui a fabriqué ton vélo, le mec qui a insisté pour construire des pistes cyclables à travers toute l'Europe. Et c'est marrant parce que moi je dis tout le temps, je trouve qu'il y a des gens qui rayonnent, comme toi, qui me donnent envie de rayonner et j'espère qu'on inspire les gens qui nous écoutent à rayonner à leur tour, qui eux-mêmes vont inspirer d'autres gens
[00:19:07] dans une réaction en chaîne infinie. Et j'adore remonter ces réactions en chaîne. Du coup, je l'ai fait pour cet événement. Pourquoi on est là, Swan ? Est-ce que tu sais grâce à qui ? Parce que moi, je n'avais pas du tout prévu d'être avec vous aujourd'hui à la base. C'est ça la question ? Oui. Enfin, non, ce n'est pas ça la question. Ah bon, je croyais que tu avais fait le travail. Je croyais que tu avais fait le travail. Le mec a fabriqué le micro, le mec a fabriqué le tapis. Non, je ne sais pas. Oui, c'est juste ça que tu as pensé dire. Non, je ne sais pas. Dis-moi tout.
[00:19:37] Eh bien, je devais monter à Paris pour interviewer Swan. Donc, je me suis dit, autant en profiter pour faire avec du public. Pourquoi je devais monter à Paris ? Parce que madame ne veut pas faire de podcast en vision. Ça balance. Elle a l'argument du contact humain tout de suite. OK, passons. Pourquoi je t'invite sur le podcast ? Parce qu'on était dans une formation de la NEF, qui est une banque éthique, avec des influenceurs il y a quelques mois. Et grâce à qui je bosse avec la NEF depuis trois ans. Grâce à un pote Roxane du compte Insta, Deer Lobby's qu'on embrasse.
[00:20:07] Et en fait, tu peux remonter comme ça super loin. Mais s'il n'y avait pas eu Roxane, la NEF, ces gens, ils auraient pu passer un samedi après-midi peinard sous la pluie. Franchement, c'est... Mais non, ils sont obligés de venir dans ce super lieu écolo, qui est la recyclerie, à se serrer comme des sardines, parce qu'il y a trop de gens qui t'aiment. Bref, tu parles dans ton super TEDx du fait qu'on est tous influenceurs. La vraie question arrive. Est-ce que tu peux nous raconter comment ton grand-père était un influenceur sans le savoir
[00:20:34] et t'a permis d'inspirer des milliers de gens à devenir écolo ? Ah là là, je suis élue ! En fait, j'ai vécu deux ans dans une petite caravane qui appartenait à mon grand-père. Et j'ai appelé la caravane Tatiana, ce qui me permettait de dire des phrases du genre « Je vous laisse, je vais aller dormir dans Tatiana » ou « J'ai hâte de cuisiner dans Tatiana ». Je fais ça génial ! Et en gros, c'est une petite caravane de 4 mètres carrés.
[00:21:02] C'est une Eri Batoc, donc une petite caravane de collection qui est faite pour juste partir le week-end de temps en temps en voyage. Et je rêvais de partir un week-end avec cette caravane. J'ai passé mon permis à 29 ans comme bonne parisienne que j'étais. Et donc j'ai passé mon permis. Après le confinement, je me suis fait larguer comme une merde. Et après, je me suis dit « J'ai plus trop envie de vivre à Paris, donc je vais vivre ailleurs ». Je me suis dit « Je vais le week-end Airbnb ». Je me suis dit « C'est pas très sexy quand même, mais c'est hyper cher ».
[00:21:28] Et après, je me suis dit « Je vais partir dans la caravane de mon grand-père, dans Tatiana ». Et je me suis dit « J'ai pas du tout envie d'être seule dans des beaux paysages, dans ma caravane. C'est pas vraiment ça que j'avais envie de faire. J'avais envie de créer du lien et d'apprendre à faire plein de choses. Et donc je suis allée chez certains de mes abonnés qui avaient répondu à un questionnaire. Je suis allée chez mes abonnés comme ça, leur « Coucou, c'est moi ». Je leur avais demandé s'ils avaient envie. Et on a construit ensemble des projets écologiques.
[00:21:57] J'ai appris en plus à me servir d'une scie, à construire des cabanes en bois, des toilettes sèches, de l'isolation extérieure, intérieure, à construire des trucs, à lancer des potagers, etc. Et donc pendant deux ans, j'ai fait ça et j'en ai fait des vidéos que j'ai mises sur internet, sur ma chaîne qui s'appelle « Vert chez vous ». « Vert V-E-R-T chez vous ». Et voilà, j'espère que ça a inspiré des gens. Ça a fait quand même plusieurs millions de vues. J'espère que les gens ont refait ça chez eux.
[00:22:26] Ils ne se sont pas blessés, car je ne suis pas une très bonne prof de scie sauteuse. Trop cool, tout ça grâce à ton papi. Tout ça grâce à mon papi Jacques, que j'embrasse, même s'il est mort. C'est vrai, il est mort quoi. Est-ce que tu as des anecdotes au-delà de ces rencontres avec des abonnés à nous raconter sur l'impact écolo-féministe ou autre que tes vidéos et ton spectacle ont pu avoir ? Oui, je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui larguent leur mec grâce à moi.
[00:22:55] Et parfois, c'est vraiment une minute et demie de van. Et je me dis qu'il y a eu la seconde avant, la minute et demie, et il y a eu la seconde d'après. Au bout d'une minute, elle dit au mec « casse-toi de la salle ». Je ne sais pas si elle dit au bout d'une minute et demie, mais ça fait germer une grappe dans sa tête. C'était le sujet d'une dispute et finalement, il se décide. Donc moi, je pense qu'il y a plein de vidéos sur les violences sexuelles, notamment qui ont fait des déclics sur des gens, je pense des femmes aussi, mais qui se sont dit « qu'est-ce que je me fais chier à subir une relation comme ça
[00:23:25] alors que je pourrais être libre et seule. » Et non, la dernière en date, j'ai encore spoilé le spectacle ! Des gens qui n'ont pas payé la place ! Non mais à un moment, dans le spectacle, je parle du MeToo stand-up, qui a beaucoup d'accusations de viols contre des hommes humoristes, notamment contre Seb Mélia. Et j'ai l'impression que chez certains hommes, le consentement, c'est pas acquis.
[00:23:55] Et donc là, il y a un gros blanc, et j'ai dit chez certains hommes, je n'ai pas dit chez tous les hommes. Et je dis « non, mais je dis ça parce que… » Après, je vais recevoir des messages « oui mais moi… » Et je dis « mais haters en général, ils ont un tout petit PC, ils ont un « moi… » avec que trois lettres sur le clavier « M-O-I… » Bref, je tire la vanne, je tire la vanne, je tire la vanne.
[00:24:22] Et je me suis retrouvée la semaine dernière dans un train à côté d'une femme qui avait vu mon spectacle, qui était venue avec son mari, donc homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans. Il avait un tout petit PC. Il avait un tout petit PC. Je croyais que tu allais dire « il avait un tout petit pénis ». C'est pas du tout ce que j'ai dit ! C'était un wagon privé. Elle m'a dit « je suis venue avec mon fils de 20 ans, qui est à la salle de muscu, qui est très… les garçons, les filles, machin… » Et elle m'a dit « souvent,
[00:24:51] ils ne s'impliquent pas dans mes débats féministes avec mes amis ou quoi, ils disent tout le temps « oui mais moi, oui mais moi… » Et quand ils ont vu cette vanne, ils ont compris que c'était chiant qu'ils ramènent tout à eux. Au lieu d'écouter, de participer ou de lutter pour créer une autre société, quoi. Et grâce à cette vanne, j'ai pu toucher au moins ces deux personnes et c'est chouette. Grave, trop bien. Bravo. Pour finir, je voulais te dire merci Swan, parce que je sais pas si tu sais à quel point
[00:25:19] t'es une bouffée d'air frais dans les luttes écolos et féministes où il y a beaucoup de violence, de lourdeur, de frustration. Et il y a pas de sérieux. Il y a des gens qui acaissent quand on parle de viols, de crimes climaticides. Mais on a aussi besoin d'humour pour décompresser, pour rassembler, pour toucher des deuxièmes cercles moins militants. Et commence pas à pleurer parce que tu veux aussi l'alarmée chèque. C'est de l'actime. J'avoue. Pour ridiculiser les agresseurs et pour kiffer tout simplement.
[00:25:47] Alors, merci beaucoup de mettre du baume au cœur à des milliers de personnes. Si vous avez kiffé, foncez voir Swan jouer son spectacle hilarant qui s'appelle Calme. Vous avez les infos en description. Évidemment, pas vous qui êtes dans la salle, mais vous irez voir sur le podcast ou sur YouTube. Et abonne-toi à Swap de Sens si tu veux voir la deuxième partie avec Swan dans le prochain épisode bonus Swap de Joie.
[00:26:17] Et j'y pense, petit exclu, dans l'histoire des réactions en chaîne, à cause de toi ou plutôt grâce à toi. Si vous voulez assister au prochain enregistrement du podcast, il y aura Camille Etienne. On vient juste d'ouvrir la billetterie. Vous avez le lien en description ou dans ma bio Insta, at Swap de Sens. Ciao Swan ! Ciao tout le monde ! À dimanche prochain !