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Si tu pouvais devenir plus intelligent, heureux et mieux réussir ta carrière en 30mn par jour : Le ferais-tu ?
Voici la 2e partie avec Michel Desmurget, docteur en neurosciences à l'INSERM et auteur de "Faites-les lire, pour en finir avec le crétin digital ! "
SOMMAIRE
01:19 Anecdote de rentrée
08:03 3 bienfaits inattendus
15:52 Empathie
21:48 Tolérance
26:22 Livre, BD et Blog
30:58 Comment aider son enfant à aimer lire ?
36:38 Astuces
40:55 Histoires de lecteurs
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[00:00:56] Et aujourd'hui, on accueille à nouveau Michel Desmurget pour parler des bienfaits dépesurés et inattendus de la lecture dans tellement d'aspects de ta vie, prouvés par la science évidemment. Salut Michel ! Bonjour ! Alors je te représente en 10 secondes, si vous n'avez pas écouté l'épisode de la semaine dernière sur le crétin digital et les dangers des écrans, allez-y, c'est un peu la première partie, même si ça peut s'écouter séparément. Tu es docteur en neurosciences à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale,
[00:01:24] et après avoir publié du coup la fabrique du crétin digital sur comment la surexposition aux écrans très concrètement et statistiquement nous abrutit, les gens râlaient parce que tu faisais un constat alarmant sans proposer de solution, même si on a donné quelques règles pour limiter le temps d'écran notamment, mais c'est vrai que ça pouvait être assez déprimant. Du coup, tu es revenu avec un nouveau livre, Faites-les lire, pour en finir avec le crétin digital, qui à coup d'études scientifiques, montre à quel point la lecture est terriblement efficace
[00:01:52] pour justement devenir plus intelligent, développer son empathie ou encore réussir dans la vie. Pour commencer, tu peux nous raconter l'anecdote en intro où tu as participé à la réunion de rentrée de deux grands éditeurs de livres jeunesse pour enfants et ados ? Ouais, c'était génial. En fait, j'ai été invité à cette réunion où ils présentaient leurs nouvelles, collections. Alors, c'était des éditeurs jeunesse, jeunesse et enfants. Et c'était génial. Je me suis dit ça a duré quatre heures. Je me suis dit ça va être un cauchemar.
[00:02:21] Et en fait, je n'ai pas vu passer le temps parce que parce qu'il y a vraiment, c'est vraiment un milieu où il y a une créativité. Ils produisent des trucs absolument super. Vraiment, c'est sincère. Présenté leurs dialogues de sortie de... Ouais, ouais. C'était un bouquin qui sortait. Comment c'était fait ? Enfin, ce qu'il y a derrière quoi. Puis il y a tout, voilà. Il y a pour tous les âges, il y a des imagiers, il y a des livres, il y a des BD. Enfin, il y a tout un tas de trucs. Et puis après, ça s'est terminé. Il y avait un petit buffet.
[00:02:48] Et là, j'ai eu l'impression que je tombais du paradis au purgatoire. Avec, voilà, les gens parlaient des difficultés du milieu, des gamins qui ne lisaient plus ou qui ne lisaient moins, des ventes qui étaient... En déclin. Ouais, en déclin. Et là, je me suis aperçu que les gens, en parlant avec les gens, les gens, je leur disais, voilà, mais c'est quand même important.
[00:03:14] Je veux dire, il faudrait dire aux gens pourquoi et à quel point c'est important que les enfants lisent. Et la réponse, c'était souvent, oui, mais ça, on sait. Voilà, on sait, les livres, c'est bien. Et il n'y avait pas de... Autant les marketeurs, les professionnels de la communication de Netflix et de jeux vidéo sont d'une efficacité absolument remoutable pour essayer de nous faire croire que jouer à GTA, ça va rendre les gamins super intelligents et ça va en faire des cadeaux à l'école.
[00:03:42] Autant le professionnel du livre, il semble considérer que ça va de soi, tout le monde sait, voilà, lire c'est bien, on sait, voilà. Il n'y a pas besoin de le dire. Et le truc, c'est si, si, si, il faut le dire. Voilà, il faut le dire parce qu'il y a deux choses. On sous-estime les difficultés au niveau collectif que nos enfants ont en lecture parce qu'on... Souvent, on ne comprend pas ce qu'est la lecture et ce que ça met en jeu. La lecture, on l'assimile au décodage et on dit c'est assez simple, il apprend à lire au CP et puis ça roule.
[00:04:11] Donc, on sous-estime les difficultés des enfants et on sous-estime la médiocrité ou la pauvreté de leur performance, je ne sais pas comment le dire. Et puis, on sous-estime aussi l'importance que ça a pour le développement d'un gamin. C'est-à-dire que les parents, ils vous disent souvent, voilà, c'est un peu l'idée, qu'est-ce que je peux faire pour aider mon gamin ? Qu'est-ce que je peux faire pour que sa vie soit plus simple, que sa vie soit plus belle ? Alors, il y a plein de choses qui ont des effets positifs sur le développement, le développement cérébral. Voilà, la musique, l'art, la peinture, le sport.
[00:04:41] Le sport, par parenthèse, qui a des effets de plus en plus avérés et mieux compris, notamment pas seulement sur le développement physique, cardiovasculaire, mais aussi sur la maturation cérébrale. Donc, tout ça, ça a des effets positifs. On met un peu dans le même panier, oui. Oui, mais quand on va voir la littérature, on s'aperçoit qu'il y a vraiment une activité qui sort du lot en termes de l'impact de ça sur la vie d'un gosse. C'est la lecture, et notamment, j'insiste sur le mot, la lecture pour le plaisir. Souvent, les gens, ils imposent plaisir à l'utilité.
[00:05:10] On m'a reproché, oui, mais tu ne parles que des impacts de la lecture, etc. On s'en fout, on ne lit pas pour avoir des impacts. Sauf que je trouve assez idiot d'opposer l'utilité au plaisir, parce que le plaisir, c'est le moyen qui a trouvé l'évolution pour inscrire et pérenniser un certain nombre de comportements. Et ce n'est pas ce qu'on prend du plaisir que le comportement va se pérenniser. Si ma fille, elle se gavait de séries Netflix, pour prendre un exemple, on ne se peut pas piquer plus maligne que les autres, c'est que c'est la seule que je connais,
[00:05:37] mais donc si elle se gavait de séries Netflix et que ça lui donnait un plaisir extraordinaire, je ne serais pas super heureux. Maintenant, si elle se gave de bouquins et que ça lui donne aussi du plaisir, je suis heureux parce que je sais que derrière ce plaisir, il y a des choses qui vont se construire. Et c'est comme ça que l'évolution... Ça risque de continuer toute sa vie. Oui, c'est comme ça que l'évolution a pensé à l'architecture cérébrale. C'est-à-dire que le plaisir va maintenir un certain nombre de comportements qui étaient censés être positifs. Alors parfois, c'est un peu dévoyé.
[00:06:06] Par exemple, les écrans montrent bien que ce système de plaisir peut être détourné pour des activités qui ne sont pas forcément positives, mais en tout cas pour la lecture, l'activation de ce système, s'il arrive à pérenniser la lecture, alors c'est un truc assez génial. Parce que, comment dire, on a deux solutions. Ton gamin, pour qu'il soit tranquille dans la vie, soit tu lui files un héritage de 50 millions d'euros et ça reste de bien se passer, soit effectivement, tu peux aussi lui transmettre en lègue la lecture. Et la lecture, c'est vraiment... C'est un peu la pub du loto.
[00:06:34] C'est facile, c'est pas si facile, mais c'est quand même pas non plus des plus compliqués. Alors on parle d'enfants neurotypiques, qui n'ont pas de troubles de développement, etc. Mais voilà, c'est pas cher. Et surtout, ça peut rapporter très, très, très gros à la loterie de la vie. Et si on veut... C'est plus fiable que le loto. Oui, c'est plus fiable statistiquement aussi. C'est plus performant. Et donc, la lecture, c'est quelque chose qu'on peut donner à nos gamins et qui va changer leur vie, notamment leur vie professionnelle, mais aussi leur vie personnelle, etc.
[00:07:03] Tu peux nous expliquer en quoi les enfants sont effectivement les principales victimes du fait qu'on lise moins et qu'effectivement, c'est pas du tout un truc de bien-pensance ou de catégorie supérieure. Que d'après la science, lire n'a rien à voir avec une pratique élitiste, comme on a parfois l'impression, et que c'est un bonus, quoi. Mais bien comme une nécessité pour nos enfants. Oui, lire, ça a des effets, quel que soit le niveau socio-économique des gamins. Ça me fait penser à des études de sociologie.
[00:07:29] Ils sont intéressés à la réussite scolaire, notamment ce qu'ils appellent les transclasses. C'est-à-dire que c'est des gamins qui ont réussi beaucoup mieux qu'ils n'auraient dû réussir selon les prédictions statistiques. Et quand on s'intéresse à ces gamins, et c'est intéressant parce qu'il y a des études qui sont menées à grande échelle en Chine, les stratégies familiales, c'est une réduction massive et brutale de l'utilisation des écrans récréatifs. Et puis un deuxième pied qui est un accent très fort mis sur la lecture.
[00:07:59] Mais en même temps, l'augmentation du temps de lecture et la diminution du temps d'écran, encore une fois, c'est lié, ce qu'on dit la semaine dernière. C'est-à-dire que les journées ne sont pas extensibles. Et on s'aperçoit que l'effondrement du temps passé à lire est inversement proportionnel à la pénétration des écrans. Plus les gamins passent de temps sur les écrans, et moins ils passent de temps à lire. Moi, ça m'a vraiment choqué en lisant ton livre, à quel point, comme tout le monde, bien sûr que je me doutais que lire,
[00:08:27] ça a un impact positif, mais je pensais que c'était peut-être pas marginal, mais en tout cas pas aussi énormissime. Donc t'écris effectivement que la lecture, c'est l'alternative parfaite aux écrans. Et avant de vous donner des conseils pratiques, pour donner envie de lire à un enfant, mais aussi à un adulte d'ailleurs, on va parler de trois principaux bienfaits inattendus de la lecture, où juste la science est unanime. Déjà, ça construit ta pensée, tout d'abord, en développant ton vocabulaire, en écrivant des textes plus structurés, aussi en parlant mieux à l'oral, c'est pas qu'à l'écrire.
[00:08:56] La lecture t'aide à raisonner et rend littéralement nos enfants plus intelligents. La preuve, ça accroît très directement même une partie de ton QI, ton quotient intellectuel, et il n'y a que la lecture qui a cet effet-là, c'est pas remplaçable par autre chose. Et donc t'écris, en gros, soit l'enfant lit, et du coup ça lui ouvre plein de potentialités, soit il se condamne littéralement à jamais déployer son plein potentiel intellectuel. Alors c'est très évident, c'est très évident pour le langage, c'est-à-dire qu'on parle français,
[00:09:27] mais le français qu'on est en train de parler à l'oral, c'est pas du tout le même français qui se parle dans un livre. J'avais une amie qui était orthophoniste et qui disait « Ma fille, elle est bilingue, elle est bilingue, oral écrit ». On se dit quand même, c'est un peu bizarre. Et en fait c'est génial parce que c'est vraiment la réalité, c'est-à-dire que le langage écrit et le langage oral, ce sont deux langues différentes. Alors on ne s'en rend pas forcément compte quand on lit, mais quand on n'a jamais lu et qu'on prend un bouquin, on s'en rend assez vite compte.
[00:09:57] Et si mon copain me dit « qu'est-ce que tu es en train de faire ? » et que je prends une photo, je prends une vidéo, il va voir les choses, il va voir ce qui se passe, j'aurai pas besoin de mots. Si mon copain, je suis obligé de lui expliquer à l'écrit, je vais avoir besoin de beaucoup plus de mots. Enfin, je décrive les formes, les visages, les émotions, les événements, tout ça. Et donc l'écrit demande, une richesse langagière demande beaucoup plus de mots que l'oral parce que l'écrit n'a pas de contexte. Donc tout ce contexte, il faut que je le décrive. Voilà, je vois si tu souris, si tu fais la tronche, etc. Et à l'écrit, il faut que je décrive ça.
[00:10:26] Et je ne peux pas seulement dire « il fait la tronche », il faut que je dise « il est en colère, il est énervé, il est agacé » avec toutes les gradations que permet l'écrit. Et donc il y a beaucoup plus de richesse langagière, notamment au niveau lexical à l'écrit, et ça se voit très bien. Par exemple, pour prendre une anecdote qui n'en est pas vraiment une, au concours de professeur des écoles, il y a, je ne sais pas, pas le dernier, je parlais qui est assez récent, mais je suis d'avant, c'était une poésie de Victor Hugo où il était question d'enfant chancelant. Et on demandait au candidat,
[00:10:55] donc pour être professeur, pour devenir instituteur au niveau professeur des écoles, que veut dire chancelant. Et on s'aperçoit que les jurés nous disent que la majorité, la grande majorité, la plupart des candidats n'ont pas été capables d'identifier et d'expliquer le mot chancelant, et qu'ils ont expliqué que c'était des enfants qui chantaient ou qui avaient de la chance. Alors que chanceler, ce n'est pas tenir très droit sur ses bases. Et ce n'est pas surprenant parce que… Je ne sais pas si dire, mais je me suis dit que c'était, qui titubé un peu. Oui, qui titubé, c'est ça. Mais en fait, chancelant, c'est un mot qui ne posera aucun problème à quelqu'un qui lit beaucoup,
[00:11:24] parce qu'à l'écrit, il est présent une fois, tous les 100 000 mots. 100 000 mots, c'est un bouquin standard, c'est Bellamy, voilà, c'est ces bouquins-là. Voilà, 100 000 mots, c'est très facile à faire. Donc, chancelant, il est très fréquent à l'écriture. Je relisais 24 heures de la vie d'une femme de Sveig. Quasiment toutes les deux pages, il y a chancelant, chancelet, chancela, etc., sur une forme ou sur une autre. Donc, vous allez le choper. Maintenant, à l'oral, il est très rare. À l'oral, c'est une fois, tous les 1, 2 millions de mots. Et donc, autant vous dire, vous le choper quand il vous tombe une dent. Et pour le retenir, c'est compliqué. Pour le généraliser en fonction de la bibliothèque, c'est compliqué. Et il y a plein de mots comme ça
[00:11:54] qui sont des mots qui sont extrêmement rares à l'oral, mais qui sont extrêmement fréquents à l'écrit. Et ce ne sont pas des mots qui sont inutiles. Dans les bouquins pour enfants, des mots comme cocasse, jubilé. Je prendrais un bouquin, je rangeais la bibliothèque de ma petite qui est partie meilleure citée. Il y avait, voilà, ce sont deux rhinocéros, cocasses qui jubilent, ou un truc du genre. Pour caser, pardon, jubilé et cocasse à l'oral, tu peux toujours te gratter. Et donc, il y a des mots, par exemple,
[00:12:24] comme, voilà, c'est très bien documenté, des mots comme saillant, des mots comme agar, des mots comme rêche. Voilà, saillant, par exemple, c'est une fois tous les 5, 6 millions de mots. Alors, il y avait une pensée saillante, un autre saillant qui sort. Donc, pour construire un lexique, eh bien, il y a, soit on passe par le langage des livres. En fait, il y a le langage des livres qui va être le langage de la pensée, de la réflexion, etc. Il y a le langage oral qui est plus un langage tourné, effectivement, vers la communication. Et donc, dans ce sens-là, c'est... Ah oui, ça, pardon, excuse-moi,
[00:12:53] c'est pas juste pour avoir du vocabulaire. C'est parce que tu as un vocabulaire plus riche, du coup, tu peux penser de manière plus riche. Oui, et donc, il n'y a pas que ça. C'est-à-dire que l'intelligence humaine, elle est très liée au langage. On nous dit, il y a d'autres intelligences, il y a l'intelligence, machin, ils ont même rajouté une tâche de temps de réaction dans les tests. Voilà, si ma fille, elle a un vocabulaire très riche qui va lui permettre de penser, de réfléchir sur le monde, etc. C'est pas la même chose que si elle est capable de répondre plus vite avec un joystick à un zombie qui sort sur un carré d'écran.
[00:13:23] Voilà, donc on peut considérer que ça, c'est une forme d'intelligence. Voilà, mais on peut aussi considérer que l'intelligence humaine, elle est très fortement ancrée, non seulement dans le langage, dans les connaissances qu'on a et dans la capacité à organiser ces connaissances. Et ce que je veux dire, c'est que c'est pas seulement le lexique, c'est-à-dire que les phrases à l'écriture, elles sont plus longues. Voilà, il y a plus de relatives. Essaye de caser une phrase de Proust à l'oral, ça va être un peu compliqué. Et non seulement ça, mais il y a aussi des formes qui sont spécifiques de l'écrit. La forme passive, la souris a été boulottée par le chat.
[00:13:52] C'est une forme qui est quasiment exclusive de l'écrit. Les temps, on y dit toujours les temps, le passé simple, le passé antérieur, ça sert à rien, il faut simplifier tout ça. Ça nous sert à penser, à décrire le monde de façon extrêmement fine. Et donc, voilà, il poussa la sorcière où il lui fallut qu'il ait à ce foc, tout ça. C'est des temps qui sont extrêmement fréquents à l'écrit et qui sont extrêmement rares à l'oral. Parce que justement, dans un cadre de communication, on n'en a pas besoin. Dans un cadre de pensée, où il faut vraiment structurer
[00:14:22] les événements, le temps, les lier, c'est des choses dont on a besoin. Et donc, le truc, c'est que soit l'enfant, encore une fois, il va passer par l'écrit, la richesse de l'écrit et il va acquérir ce langage, soit il va se tenir à l'oral et à l'oral, il n'arrivera à construire qu'un langage de communication basique pour acheter le pain, causer avec son pote et appeler le plombier. Et donc, voilà, mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi les connaissances générales. C'est ce qu'on appelle
[00:14:51] la culture générale. C'est quasiment... Pas trop vite, j'ai des questions. Je ne vais pas trop vite, je me t'ai. Mais effectivement, ce ne sont pas juste des opinions que tu nous partages. C'est vraiment... Non, non, non. Oui, littéralement, la pensée, c'est unanime en termes... Alors, juste un petit exemple pour que les gens... Oui, oui, plus les gamins lisent, plus on leur demande, par exemple, qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ou plus on leur demande de résumer ou de raconter une histoire et plus c'est structuré, plus c'est organisé, plus c'est hiérarchisé. Et il n'y a pas que ça. C'est-à-dire que la petite, quand elle rentre et que je lui dis qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui, elle est obligée de se rappeler, elle est obligée de hiérarchiser,
[00:15:21] elle est obligée d'organiser. Mais surtout, elle est obligée de se mettre dans ma tronche en disant qu'est-ce qu'il ne faut pas que je lui dise aux vieux pour me faire engueuler ? Et donc, il y a aussi tout un jeu de théorie d'esprit, de capacité à comprendre l'autre. Pour que les gens comprennent bien l'importance, ils ont fait des études de corpus. Donc, tu prends des centaines de romans, des centaines de livres pour enfants, des centaines de, ce qu'ils appellent des imagés, donc des livres pour enfants d'école maternelle, c'est la petite bouilloire rouge ou petite ours au bras, d'enfants qui ne savent pas encore lire les histoires qu'on leur lit.
[00:15:51] Et à côté, tu prends des centaines d'heures d'enregistrements de conversations entre adultes, entre adultes, y compris éduqués, titulaires d'un diplôme universitaire, entre adultes et enfants, entre adultes et bébés, tu prends des films, tu prends des séries, tu prends des émissions de télé-réalité, tu prends des dessins animés, tu prends tous ces corpus. Et on s'aperçoit qu'il y a plus de richesses langagières, syntaxiques, mais aussi grammaticales et lexicales, dans un livre d'enfants d'école maternelle qui ne sait pas lire, que dans tous les corpus langagiers
[00:16:20] qu'ils ont testé. C'est-à-dire que le plus simple des corpus écrits est plus compliqué que tous les corpus pour nous. OK. Un deuxième bénéfice de lire un peu plus, c'est de développer ses aptitudes émotionnelles et sociales. Je crois que c'est mon préféré parce que c'est peut-être le plus inattendu et puis forcément des séchets qui me touchent le plus. Tu écris notamment, lire, c'est vivre mille et une vies. Ce n'est pas toi qui l'écris, mais quand tu vois Harry Potter à l'écran, tu ne sais pas trop
[00:16:49] ce qui se passe dans sa tête alors que quand tu lis le livre, tu es vraiment au plus proche de l'intimité du héros, de ses sentiments, de ses tergiversations, typiquement tergiversations, je pense que je ne l'ai pas calé dans cette discussion depuis des années. Tu vis par procuration aussi, ça développe ton empathie parce que tu te mets à la place d'un méchant, de quelqu'un d'une autre époque ou d'un magicien, d'une classe sociale différente, etc. Et ça t'aide aussi à déchiffrer parfois tes propres ressentis. Alors ça, c'est encore dur,
[00:17:18] ça commence à être documenté, mais ce n'est pas encore aussi mainstream en termes d'études. Mais il y a des études qui ont montré que des livres de fiction pouvaient aider à réduire l'anxiété et la dépression, par exemple. Tu peux nous en parler ? On a commencé par s'intéresser à tout l'aspect intellectuel. Et puis, il y a une vingtaine d'années, les chercheurs ont commencé à s'intéresser aux aspects effectivement émotionnels de la lecture, à l'intelligence sociale parce que les gens ont compris que l'intelligence, ce n'était pas seulement le langage et l'intellect et les maths et ce genre de choses, mais qu'il y avait une dimension émotionnelle et sociale là-dedans.
[00:17:48] Et les chercheurs ont commencé à s'intéresser à ça. C'est rigolo, c'est Écho qui disait mon pote, il a 80 ans, il va mourir et il aura vécu une vie. Moi, j'ai 80 ans et quand je mourrai, j'aurai vécu mille vies parce que j'ai lu le livre. Et en fait, il y a une particularité dans les livres. C'est vrai, pour Harry Potter, ça m'avait frappé parce que ma petite, elle avait lu Hunger Games, elle m'avait dit tiens, on va regarder le film. Et quand on regarde le film, alors le film est sympa, ça bouge, boum boum, il y en a de partout. Mais d'abord, le livre, il faut 7h30 pour le lire
[00:18:18] et le film, il y a 1h30. Donc ça veut dire qu'il y a quand même beaucoup plus d'informations et c'est une constante. On s'aperçoit que l'épaisseur psychologique des personnages, les détails, les liens logiques sont beaucoup mieux décrits et beaucoup plus profondément décrits dans les livres. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de bon film, ça ne veut pas dire que le cinéma est pas un art, ça veut dire que ce n'est juste pas la même chose et qu'il y a des spécificités de l'écrit et donc que ces spécificités, on ne peut pas s'en passer si on veut développer un certain nombre de choses et il y a une particularité à l'écrit, c'est que tu disais Harry Potter,
[00:18:48] tu vois Harry Potter, tu le vois agir ou Madame Bovary ou je ne sais plus comment ça s'appelle l'héroïne à Katniss dans Hunger Games, dans Hunger Games tu la vois agir par exemple et elle se dit toujours mais qu'est-ce que, voilà, tu la vois agir et tu es toujours obligé d'inférer pourquoi elle agit et d'essayer de comprendre pourquoi elle agit comme elle agit. Dans le livre, elle t'explique si je fais ça, l'autre qu'est-ce qu'il va penser et machin qui est resté au pays si j'embrasse lui est-ce qu'il va comprendre que ? Et tu rentres et Madame Bovary c'est pareil quand tu la vois agir à l'écran tu dis elle n'est pas cool mais l'avantage du livre c'est le seul support le livre et le livre de fiction
[00:19:17] où tu rentres littéralement dans la tête du personnage. Alors il y a les voix off mais c'est quand même un peu marginal et là tu vas comprendre par exemple tu vas prendre Madame Bovary Harry Potter tu vas rentrer dans la tête tu vas comprendre les motivations tu vas comprendre les peurs tu vas comprendre les espoirs tu vas comprendre pourquoi il agit comme il agit et en faisant ça les études montrent ce qu'ils appellent la théorie de l'esprit la théorie de l'esprit c'est comprendre pourquoi les autres agissent comme ils agissent et puis ça nous permet d'anticiper pourquoi ils vont agir de telle ou telle façon
[00:19:46] et les études montrent clairement que c'est un impact très positif sur ce qu'on appelle cette théorie de l'esprit c'est-à-dire qu'on se comprend mieux soi-même et on comprend mieux les autres mais pas seulement non seulement je vais comprendre pourquoi il agit comme il agit mais je vais éprouver ce qu'il éprouve c'est-à-dire que quand Mme Bovary elle a peur à la fin parce qu'elle a avalé le poison ou quand Katniss elle est heureuse ou en colère ou je ne sais pas quoi les réseaux qui vont s'activer dans mon cerveau sont exactement les mêmes réseaux qui vont s'activer
[00:20:16] qui vont s'activer quand je ressens réellement ces émotions avec encore une fois l'idée que je comprends intimement pourquoi ça déclenche ces émotions donc je comprends pourquoi et en plus j'éprouve ces émotions et les études demandent que ça a des impacts extrêmement forts sur l'empathie et donc la lecture les chercheurs ils parlent de simulateur émotionnel ou de simulateur social c'est exactement ça je veux dire t'es dans un simulateur de vol ou de voiture de course et ben là t'es dans un simulateur de situation sociale que tu vivras pas forcément
[00:20:46] ou que Proust disait voilà tu vas vivre en deux heures ce que tu mettrais des décennies ou plus à vivre dans la vraie vie et donc ça a un effet majeur sur l'empathie sur la capacité à se comprendre sur la capacité à comprendre les autres et bien forcément à l'arrivée sur nos compétences sociales parce que mieux on se comprend mieux on comprend les autres et plus on a d'empathie mieux ça se passe les gens pensent toujours que l'empathie c'est pas si important l'empathie c'est absolument fondamental c'est ce qui nous fait humains et j'aime beaucoup cette étude alors sur cette étude les américains ont envoyé au procès
[00:21:15] de Durabert un psychologue qui s'appelle Gilbert qui était un militaire et la question c'était il va falloir que tu nous expliques ce qui cloche avec les criminels les gars nazis il leur manque forcément il les a tous évalués et il a dit écoutez j'ai pas trouvé grand chose il y en a qui sont énuqués il y en a qui sont bêtes à manger du foin voilà je sais des gens qui sont tous très différents et il dit le seul truc commun que j'ai trouvé c'est chez Zorlac c'est chez Zorlac qu'il a appelé le mal absolu le seul truc commun c'est le manque d'empathie c'est l'incapacité à ressentir
[00:21:45] ce que ressentent les autres et l'incapacité à se mettre à la place des autres et quand on prend les échelles notamment chez les étudiants on s'aperçoit que depuis les années 80 il y a une baisse quand même très marquée des échelles d'empathie et il y a une augmentation concomitante des échelles de narcissisme voilà donc pas oublié à pas exclusivement évidemment mais à l'augmentation du temps d'écran à la réduction oui aux réseaux sociaux voilà en tout cas c'est ce qui explique les auteurs il n'y a pas que ça mais effectivement
[00:22:16] voilà l'empathie clairement Attal disait il faut mettre des cours d'empathie t'as envie de lui dire achète leur des moutiens oui prends les cours toi-même déjà ça c'est plus de mal perdu et du coup sur cet aspect émotionnel pour développer un peu t'écris aussi qu'il y a des études qui ont montré que la fiction pouvait servir de support aussi de discussion notamment chez l'enfant pour traiter des sujets durs comme le deuil le handicap le harcèlement le racisme la pauvreté la solitude oui ça peut être ça peut être ça peut être
[00:22:45] un moyen d'entrer les exemples que je prends dans le bouquin alors encore une fois ma fille n'est pas plus maligne que les autres mais c'est la seule que je connais il y a eu à un moment donné on nous avait dit il faut sortir les martines avait été réécrits parce que c'était sexiste et qu'il y avait des problèmes de genre et de rôle de genre etc et c'est vrai c'est affreusement sexiste ce truc cela étant dit cela étant dit dès que je me suis précipité pour essayer de trouver les anciens martines pour pouvoir les lire avec ma fille
[00:23:12] et il y a une autrice féministe américaine dont Nashay Jones je crois qui a fait la même chose ils ont retiré de la circulation des bouquins pour enfants de Zeus ou je ne sais plus comment ils appelaient ce pédiatre parce qu'ils étaient ils charriaient des stéréotypes profondément racistes et la nana explique comment je vais pouvoir mettre la main ou amener mon enfant à prendre conscience de ces stéréotypes
[00:23:42] et de ces choses-là si je ne le confonds pas à ces choses-là et le livre c'est un espace qui est quand même relativement sécurisé alors évidemment il ne faut pas laisser le gamin tout seul mais c'est un espace relativement sécurisé pour ça et elle a dit je me suis précipité pour acheter ces bouquins et pour les lire avec mon gosse voilà c'est une afro-américaine encore une fois féministe donc elle est au courant de ces questions et elle explique que c'est justement à travers ces lectures-là qu'elle a pu pointer toutes ces choses-là et donner une certaine conscience et ma fille c'était flagrant alors c'est une anecdote
[00:24:11] mais voilà on lisait les Martines et je lui disais alors c'était vraiment le père il est là comme ça avec son journal la mère fait la vaisselle la petite s'occupe du gamin enfin en termes de stéréotypes de genre on peut difficilement faire pire et avec la petite on le notait mais le fils est par me dire il fait chier lui pourquoi il reste dans le canapé pourquoi c'est la mère qui fait la vaisselle et de temps en temps on lisait un autre bouquin et je la voyais noter les trucs dans un bouquin et l'anecdote c'est voilà on se pointe un jour dans une épicerie et il y avait une mezzanine elle monte elle descend enfin comme font les gamins et la nana qui était là
[00:24:41] elle lui dit elle regarde elle lui dit c'est un vrai petit garçon manqué et là qu'il se fiche elle me regarde elle me dit c'est plus tard c'est quand même vachement sexiste et c'était rigolo parce qu'elle était petite mais ça montre que voilà on plante la graine et puis ensuite on n'a même pas besoin de l'arroser elle pousse toute seule et c'est à travers le livre ça fait ça on s'aperçoit qu'il y a plus d'empathie mais il y a aussi plus de tolérance il y a aussi moins de sensibilité au sens premier au stéréotype que ce soit des stéréotypes de genre des stéréotypes sexistes
[00:25:11] des stéréotypes sexuels et donc le livre permet effectivement de combattre puissamment ces stéréotypes et l'idée qu'il faudrait dégager tout ce qui peut être gênant dans les livres notamment dans les livres pour enfants alors il ne faut pas les laisser tout seuls face au truc mais c'est quelque chose qui est absolument fondamental parce que ça permet dans un espace sécurisé de pointer ces trucs pour le gamin et lui dire ça c'est un stéréotype et tu vas en rencontrer et le jour où ça va revenir et le jour où ça tombe dessus dans la vraie vie le truc tu l'identifies
[00:25:41] parce que tu l'as déjà vu et le jour où tu lis un bouquin ou un article de journal où il y a toujours des stéréotypes qui se glissent parce que c'est le principe du stéréotype que d'agir de façon inconsciente et bien tu es beaucoup plus conscient de ces choses là donc je pense que c'est aussi et c'est ce qu'en compte les études en tout cas c'est aussi un vecteur fondamental pour lutter pour agir sur la citoyenneté en gros pour lutter contre les stéréotypes et pour augmenter au-delà de l'empathie et de nos capacités sociales la tolérance la compréhension l'écoute à l'autre ces choses là
[00:26:10] et le troisième bienfait où je t'ai bridé tout à l'heure effectivement c'est que ça permet d'améliorer sa compréhension du monde tu as créé une étude récente à établir le volume de lecture expliquer la plus grande part des variations du niveau de culture générale au sein d'une population d'élèves de seconde bien sûr toujours en ayant pris en compte les capacités intellectuelles de ces derniers les auteurs écrivent que les lecteurs les plus assidus de l'étude assidus pardon de l'étude toujours indépendamment de leur aptitude générale étaient plus susceptibles par exemple de savoir des trucs random mais que la vitamine C
[00:26:40] se trouve dans les agrumes on ne savait plus sur la façon dont les taux de prêt pour une voiture affectent les remboursements ou juste de connaître leur sénateur sénateur pardon donc en gros lire juste 20 à 30 minutes par jour ça rend nos enfants plus intelligents plus cultivés plus créatifs aussi aptes à communiquer à structurer leurs pensées à organiser leurs énoncés mais je me demandais est-ce que lire une BD un manga une page Wikipédia un essai ou une fiction tout ça comment ça est-ce que c'est pareil ?
[00:27:10] alors il y a deux choses l'étude à laquelle tu fais référence c'est une étude qui était sur la réussite scolaire sur les enfants de 3ème et qui montre que la lecture capture une part impressionnante et massive des variations de réussite scolaire l'étude sur l'impact de la lecture sur la culture générale c'est une étude qui a été réalisée sur des étudiants mais effectivement qui montre la même chose c'est-à-dire que ce que tu as dit ah j'ai mis les deux études oui mais c'est pas grave qui montre que les gamins qui lisent ont effectivement beaucoup mais c'est pas de la culture héléniste
[00:27:40] voilà c'est pas Catherine de Romilly qui lisait les vieux textes grecs c'était vraiment c'est vraiment voilà des choses très concrètes que tu as que tu as énoncées après du coup j'en ai mangé la question la différence de support entre BD et manga oui alors ça c'est un truc alors merci pour la question parce que le le le le on va dire ouais tu méprises la BD et tout alors il y a trois choses c'est-à-dire que si on prend les capacités langagières les capacités en lecture
[00:28:09] la réussite scolaire la lecture de livres de fiction et de livres en général mais principalement des livres de fiction a un effet extrêmement positif la lecture de BD et de manga et de magazine a un effet nul sur ces trois domaines et la lecture de la lecture sur internet donc blog réseaux sociaux enfin tout compris email le voilà wikipédia compris a un effet négatif et ça s'explique de ça s'explique assez simplement ça s'explique
[00:28:39] par des questions de volume c'est-à-dire qu'on explique on estime que quand un enfant rencontre un million de mots il en apprend je vais prendre le lexique qui est vraiment clair il en apprend mille de façon incidente c'est beaucoup c'est-à-dire un million de mots c'est à peu près toute la série d'Harry Potter un peu plus et donc l'enfant il a appris mille mots comme ça clac gratos en fait et si tu ramènes ça sur toute l'enfance ça veut dire que quand l'enfant il va arriver quand l'enfant il va arriver à l'adolescence ça fera 25 000 mots supplémentaires autant dire que c'est une part extrêmement importante
[00:29:08] c'est absolument énorme voilà les BD et les mangas c'est juste une question de volume c'est-à-dire que les études de contenu montrent qu'il y a autant de richesse langagière au moins au niveau lexical par exemple dans les BD qu'il y en a dans les livres classiques sauf que pour faire un million de mots avec un livre c'est une dizaine de bouquins pour faire un million de mots avec une BD et fortiori un manga il en faut quand même une sacrée quantité donc pour les BD et les mangas pour ces domaines-là les capacités en lecture
[00:29:38] et puis notamment le langage qui dépendent directement du volume le volume est bien moindre dans les mangas et les BD et ça explique que pour ces deux domaines-là il n'y ait pas d'impact positif cela étant dit ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas lire de BD et ça ne veut pas dire que ça ne peut pas avoir des effets positifs ailleurs sur l'imagination par exemple ou sur la culture générale je voyais hier il y a une BD de Jean Covici sur le réchauffement climatique il y a une BD de Piquetier sur l'économie et ces choses-là et c'est des choses qui évidemment vont nous enseigner des choses
[00:30:07] en termes de culture générale donc ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas lire de BD et que ça ne peut pas être positif notamment dans ces domaines-là donc les gamins peuvent lire des BD mais il faut rajouter des bouquins parce que encore une fois ce n'est pas une question de qualité c'est une question de volume et l'impact effectivement de la lecture sur Internet donc blogs, réseaux sociaux etc. est négatif parce que là pour le coup c'est vraiment une médiocrité globale des contenus voilà ce que tu vois passer sur les réseaux sociaux alors de moins en moins parce que c'est de plus en plus des vidéos et des images
[00:30:37] mais les vas-y TKT C'est ouf etc. ou je ne sais pas quoi je ne parle plus de Jones depuis longtemps mais ces choses-là ça ne veut pas dire qu'on ne trouve pas des pépites aussi mais ça veut dire que globalement dans la globalité dans la généralité de ce qu'ils regardent et de ce qu'ils consomment alors l'effet est négatif parce que le langage est beaucoup trop gros et il y a encore une méta-analyse qui vient de sortir qui regarde une grosse étude et qui regarde l'impact de nos consommations de lecture numérique les gens pensent toujours
[00:31:07] il y avait cette idée ils n'ont jamais autant lu que sur internet en fait c'est à 2 à 3% du temps d'écran donc autant dire que c'est peanuts et puis surtout les contenus sont tellement les contenus sont globalement encore une fois ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas trouver des choses s'ils ne lisaient que des bouquins au format numérique guerre épais et les misérables il n'y aurait pas de problème mais le contenu effectivement consommé par les contenus fantasmés qui pourraient consommer sinon non les contenus effectivement consommés quand on regarde ça c'est trop pauvre pour avoir un effet positif sur le langage et l'effet est globalement négatif
[00:31:37] alors comment on fait pour qu'un enfant devienne un lecteur et du coup ait toutes ses chances dans la vie et tous les bienfaits dont on a parlé le premier point dont tu parles auquel je n'ai pas forcément pensé mais qui semble évident en fait déjà il faut être au courant de tous ses bienfaits en tant que parent pour mettre toutes les choses en place et prendre le temps d'expliquer à son enfant et de lui rappeler régulièrement pourquoi les écrans ça peut avoir des impacts négatifs ça a des impacts négatifs et pourquoi les livres ça a autant de vertu ouais
[00:32:07] alors merci pour la question parce que le livre n'était pas sorti donc personne n'avait lu encore qu'une journaliste du service public tweet tweetait déjà c'est encore un truc pour culpabiliser les parents pour culpabiliser les mères enfin le truc et là tu te dis c'est alarmiste c'est une panique morale donc toutes ces conneries qu'on entend et en fait les études montrent et c'est là que je trouve que c'est vraiment intéressant que quand on explique ça aux parents ça les culpabilise pas ça les alarme pas ça les informe et c'est certainement pas à moi ou je sais quel journaliste de décider l'information
[00:32:36] qu'on va pouvoir donner aux parents parce que derrière il y a l'idée que ces gens-là seraient trop bêtes pour absorber l'information et tirer le profit les études montrent quand même que le fait de dire aux parents voilà il faut diminuer il faut diminuer le temps d'écran il faut lire aux enfants il faut commencer très tôt en expliquant pourquoi il faut commencer très tôt dès les premières semaines de vie il faut finir bien au-delà du CP il faut aller au moins jusqu'au collège en expliquant pourquoi il faut continuer et pourquoi c'est fondamental pour développer la lecture quand on leur explique qu'il faut parler le plus possible le plus possible au bébé
[00:33:06] que quand ils prend un litchi au supermarché tu lui dis pas pause mais tu lui expliques c'est un litchi c'est un fruit et tu lui dis tiens ça a de la peau comme une orange parce que si tu le lis il y a quelque chose qu'il connaît déjà il a beaucoup plus de chance de s'en rappeler etc quand on donne ces informations-là aux parents y compris dans les milieux les plus défavorisés alors ça a un impact extrêmement positif sur le développement du langage et sur le développement cognitif de l'enfant à long terme voilà il y a une étude je déteste le nom mais il y a une étude
[00:33:36] qu'ils ont appelée coaching parental voilà pendant la première année quand les parents venaient à la maternité deux ou trois fois ils leur expliquaient toutes ces choses-là et voilà quand les gamins sont revenus à 18 ou 24 mois c'était 50% de vocabulaire en plus d'autres études montrent que ça a des impacts sur l'attention sur le lien social aussi on mésestime mais il y a des effets extrêmement positifs ils ont fait ça c'est des prématurés ils ont dit aux parents vous allez lire vos prématurés à l'hôpital c'est bon quoi il ne peut lire un prématuré il ne comprend rien et en fait il se passe
[00:34:05] énormément de choses ils n'ont pas pu tester le langage mais ils ont testé l'attachement le lien émotionnel et ils sont aperçus quand les parents sont revenus pour une deuxième étude que le lien émotionnel le lien d'attachement le lien à l'enfant la tension dans la famille était positive quand les parents lisaient aux enfants et que ça avait des effets aussi émotionnels extrêmement positifs donc voilà et c'est important parce qu'une chose qu'on n'a pas dit c'est que plus l'enfant connaît le mot et plus c'est facile pour lui d'en apprendre c'est pour ça aussi que les écarts précoces
[00:34:35] tendent à se creuser au départ et donc il faut agir il faut agir très tôt alors ça ne veut pas dire que tout va se passer au niveau de la famille et qu'à un moment donné il ne va pas falloir que voilà il faudrait vraiment un engagement massif collectif avant que l'école commence parce qu'à trois ans quand l'enfant arrive il a déjà construit beaucoup de choses et donc il faudrait à ce moment là pour si vraiment on est sérieux en termes de réduction des inégalités sociales alors il faut faire un effort ciblé massif
[00:35:05] précoce et continu sur ces enfants là c'est à dire qu'on nous dit toujours en France on est très mauvais pour la réduction des inégalités sociales c'est des études PISA et ce genre de choses c'est vrai on est grotesque c'est à dire que si on prend les enfants de 13 ans les 25% les plus favorisés et les 25% les moins favorisés la différence d'acquis scolaire c'est un peu plus de 5 ans 5 ans et demi c'est colossal ça veut dire que ceux qui sont plus favorisés ils ont 5 ans en termes d'acquis de connaissances scolaire ils ont 5 ans de plus voilà mais si on prend l'OCDE c'est 4 ans et demi
[00:35:35] et si on prend les meilleurs pays on est autour de 4 ans alors 4 ans c'est mieux que 5 ans et demi mais c'est quand même assez mauvais voilà et que donc aucun pays sur la planète ne fait du bon boulot en termes de réduction des inégalités sociales et si on veut être sérieux et si vraiment on veut faire du bon boulot là alors il faut investir massivement sur les enfants défavorisés et précocement et même économiquement c'est une bonne idée parce que chaque euro qu'on va investir là c'est vraiment pas un coût c'est un investissement chaque euro
[00:36:05] je comprends pas je comprends pas les politiques il y a des études des études d'Eckman chaque euro qu'on va investir là on va le récupérer derrière avec un facteur qui peut aller de 2, 3, 4, 5 et même 10 dans certaines études mais ça veut dire qu'on va récupérer à l'arrivée beaucoup plus que ce qu'on a investi et donc s'il doit y avoir une bataille politique qui certes va demander un investissement mais qui à terme va rapporter oui oui c'est bien celle-là l'un des facteurs les plus importants et les plus puissants de la réussite scolaire c'est les capacités en lecture
[00:36:35] c'est vraiment si le apprendre à apprendre a eu un sens un jour c'est bien dans ce domaine-là parce qu'en lecture on nous donne accès à toutes les connaissances il y a une synthèse de l'académie américaine de pédiatrie après je me t'ai promis tu dois voir à midi il y a cette synthèse de l'académie américaine de pédiatrie on leur a dit qu'est-ce qui prédit à très long terme au-delà du secondaire à l'université la réussite scolaire et la réussite professionnelle d'un enfant et leur conclusion c'est le prédicteur
[00:37:04] le plus efficace dites-moi comment il dit au CE2 et je vous dirai avec une précision quand même estimable ce qui va lui arriver ultérieurement ah c'était fini donc effectivement le premier truc qu'on peut faire pour aider un enfant à devenir un lecteur et avoir toutes ses chances dans la vie c'est effectivement que les parents soient informés donc réécouter ce podcast lisez le bouquin de Michel et du coup de donner du sens en fait à la lecture à l'enfant qui comprenne aussi
[00:37:34] pardon le deuxième qu'on ne va pas développer parce que c'était effectivement l'épisode précédent c'est d'encadrer l'usage des écrans aujourd'hui on passe en gros c'est deux heures sur les écrans versus dix minutes par jour à lire le truc à pas faire c'est de dire au gamin tu vas lire un quart d'heure et après tu pourras aller jouer aux jeux vidéo regarder une série de Netflix parce que c'est l'idée que tu vas passer par le purgatoire ou l'enfer de la lecture et après tu iras au paradis des écrans et le truc vraiment à ne pas faire et à ne jamais faire parce qu'en plus c'est une motivation externe dont on sait qu'elles sont à long terme
[00:38:04] même pas positives mais en plus délétères donc diminuer le temps d'écran c'est important parce que les écrans sont négatifs c'est important parce qu'il faut ouvrir un espace de temps pour la lecture mais surtout ne lier pas les deux en disant au gamin tu vas lire et après tu auras le droit d'aller sur ce que tu veux des écrans parce qu'il y a l'heure pour le coup voilà c'est émotivement et négativement détonnant c'est parfait effectivement pour le troisième point qui est effectivement de donner envie à lire aux enfants il faut que ce soit un plaisir et donc pour ça ça peut être de montrer l'exemple
[00:38:33] de vous lire devant lui devant elle de les valoriser quand ils lisent et surtout tu dis de lire avec eux même après le CP pourquoi ? alors il faut deux choses il faut donner à l'enfant cette identité de lecteur nous dans cette famille et c'est pas négatif on est des lecteurs et les études montrent que quand on donne cette identité au gamin ça augmente les chances qu'il lisent après voilà quand on fait de la lecture quelque chose de positif quelque chose de valorisé alors il y a plus de chances que le gamin lise
[00:39:02] ça c'est une première chose la deuxième chose c'est que encore une fois tout est question de plaisir si l'enfant il a du plaisir il va perpétuer l'usage si l'enfant il n'a pas de plaisir que c'est un échec et que c'est que de la frustration il ne s'en sortira pas et pour lui donner du plaisir il faut l'accompagner on l'a montré c'est à dire que lire c'est quasiment une langue étrangère et donc il faut on pense toujours que l'enfant il apprend à lire au CP et que si on lit avec lui au CP il lira moins etc en fait c'est une grosse erreur
[00:39:31] c'est une ambiguïté terrible parce que au CP on apprend à décoder mais décoder c'est pas lire si je veux jouer au tennis on me donne une raquette mais c'est pas la raquette qui va faire que je vais jouer comme Nadal et bien là c'est pareil on va apprendre à décoder on va apprendre les bases du décodage mais c'est pas ça qui va faire le lecteur c'est la compréhension lire c'est comprendre disait que il y a d'amour et si tu comprends pas tu ne lis pas et donc il faut il faut aider l'enfant à construire ce langage et c'est long donc il faut commencer dès les premières semaines parce qu'on a l'impression que le gamin c'est un molusque dans son berceau mais pas du tout du tout c'est à dire qu'il se passe énormément de choses
[00:40:01] en termes de construction cérébrale notamment dans les réseaux langagiers et donc il faut commencer tôt mais quand l'enfant arrive au CP il apprend à décoder et donc il faut continuer pendant que s'élabore ce décodage à nourrir le développement et le langage et cette seconde langue qui est l'écrit et ça ne peut se faire qu'en lisant à l'enfant et puis après quand l'enfant commence à lire tout seul on a oublié mais c'est extrêmement frustrant c'est à dire que on a beaucoup de mal on se rend pas compte il suffit d'ignorer 2 à 3% des mots d'un livre pour ne pas du tout du tout comprendre
[00:40:30] et donc l'enfant il faut l'accompagner alors soit tu reprends les textes soit tu prends d'autres textes et ça te permet de lire des textes plus intéressants avec lui de partager des histoires sympas un gamin de je sais rien un gamin de 9 ans il lit pas tout seul le joueur d'échecs ou le cas de Buzzati et tu peux lire quand t'es avec lui ou l'homme qui plantait des arbres et c'est des choses qui sont des livres magnifiques et c'est des choses que tu peux lire avec le gamin et donc ça va maintenir le plaisir ça va maintenir la carotte du plaisir du fait c'est quand même des trucs sympas et ça va diluer la frustration parce que le gamin
[00:41:00] va comprendre que aussi cette frustration là ça va lui permettre après de passer à la suite et donc c'est important de pas lâcher le gamin parce que si on lâche le gamin il construit pas sur cette langue et un gamin qui a jamais lu et qui a pas construit ça et qui on a pas lu d'image quand il va arriver quand il va arriver par exemple en seconde et qu'on lui dit tu vas lire les fleurs du mal mais c'est juste pas possible prenez un tétraplégique mettez en bas de l'Everest et demandez lui de monter c'est pas possible et à ce niveau là voilà et c'est pour ça qu'il faut accompagner l'enfant
[00:41:30] et l'impact de la lecture partagée sur le développement et le développement et pareil est-ce que t'as des anecdotes sur des retours de lecteurs de lectrices qui sont réconciliés peut-être avec la lecture ou peut-être des impacts je sais pas sur des écoles des politiques ou des familles oui oui j'ai des gens j'ai des parents qui m'écrivent en me disant c'est dommage j'aurais aimé qu'on me le dise mais je me suis mis à l'érecq mon gamin de deux ans et voilà et c'est génial et on lit et on y prend beaucoup de plaisir il y a une mère qui m'a écrit en me disant
[00:41:59] voilà j'ai des jumeaux de neuf ans je me suis dit ils disent tout seul et puis et puis donc du coup j'ai lâché mais là je m'y suis remis et je pensais qu'ils allaient qu'ils allaient tirer le groin et que ça se passe alors on le dit poliment Alain ils allaient tirer le groin et que ça allait pas que ça allait pas bien se passer en fait ils sont ravis elle explique que c'est génial qu'ils lisent et sa conclusion c'est j'en ai même surpris un qu'ils relisaient tout seul dans un coin un livre qu'on avait lu ensemble et ils voient l'impact sur leurs enfants oui oui oui c'est à dire que voilà contrairement aux écrans ça les excite etc
[00:42:29] voilà ils voient l'impact l'enfance mais avoir des formules un peu voilà qui sont qui sont que j'ai élaborées on s'aperçoit que petit à petit ça construit et on commence on commence à le voir et l'effet de la lecture encore une fois quel que soit l'âge c'est jamais trop tard pour commencer mais il faut accompagner l'enfant si tu prends un gamin de 5-6 ans et que tu lis des histoires presque tous les jours c'est un an de développement cognitif à terme ça va être un an de développement cognitif supplémentaire donc il va avoir un an d'intelligence ou d'avance en termes de développement de son intelligence quand il va arriver au CP c'est à lui
[00:42:58] quand il était à la maternelle c'est 25% de lexique en plus c'est absolument colossal voilà en termes de langage on fait une étude c'est à dire que tu prends des gamins tu leur lis des histoires presque tous les jours versus pas souvent voilà tu les classes sur une échelle de 25 celui qui est moyen quand tu ne lui lis pas il a les compétences d'un gamin moyen quand tu lui lis tous les jours il passe 5 ou 6ème dans la hiérarchie donc il y a un bon en termes de structuration et des études il y en a énormément
[00:43:26] énormément là-dessus donc oui oui l'hybréaliser au gosse c'est vraiment le plus beau des cadeaux qu'on puisse leur transmettre c'est celui-là le plus utile aussi parfaite conclusion merci Michel et bien merci à toi vous pouvez retrouver le livre Faites-les lire partout en librairie et en ligne allez écouter l'épisode de la semaine dernière si vous ne voulez pas encore écouter sur les écrans qui est parfaitement complémentaire d'aujourd'hui et si vous êtes encore là abonnez-vous c'est que ça vous plaît j'imagine merci beaucoup Michel ciao tout le monde merci à toi au revoir merci à toi