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Qui mérite d'être mal payé ? Pourquoi un trader gagne 5x plus qu'une infirmière ? Que se passerait-il si on était tous payés pareil ?
Voici un extrait de l'épisode de demain avec Baptiste Mylondo, auteur de "Ce que nos salaires disent de nous" !
PS : Merci à l'Institut Transitions de nous avoir accueillis pour l'enregistrement !
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[00:00:29] On répare et on fait durer. Alors si tu veux voyager responsable, rendez-vous sur DotDrops.fr. DotDrops.fr Du coup, tu proposes une autre expérience de pensée. Et si on supprimait toutes les inégalités de salaire, qu'est-ce qui se passerait si tout le monde était payé pareil, quel que soit le poste ? Toi, tu penses qu'il se passerait quoi ?
[00:00:56] Alors ouais, le raisonnement, c'est de se dire la norme, c'est l'égalité. C'est à chaque fois qu'on s'écarte de l'égalité, qu'on doit pouvoir apporter une justification satisfaisante. Et ça, je pense qu'on l'a oublié. C'est-à-dire qu'on va partir du principe que les inégalités, c'est naturel, les inégalités scénarielles, c'est naturel, etc. À l'inverse, c'est l'égalité qui doit être la norme. Il faut pouvoir justifier tout écart.
[00:01:18] Et donc, au lieu de se dire comment justifier les inégalités, je propose de dire qu'est-ce qu'il faut changer dans notre société pour qu'on puisse accepter toutes et tous d'être payés pareil ? Et sans doute qu'il faudrait changer plein de choses. Ça, j'y reviendrai sans doute après. La crainte qu'on a dès lors qu'on imagine un salaire unique, par exemple, c'est la question de la réalisation de certaines tâches.
[00:01:42] Si tout le monde est payé pareil. Alors, généralement, une des craintes, c'est mais qui voudrait être médecin ou des trucs du genre là ? Parce qu'on se figure aussi que faire des études, c'est quelque chose d'horrible. On aurait plus peur pour les ménages que pour les médecins. Et du coup, la plupart du temps, c'est d'abord, on se dit mais est-ce qu'on va trouver suffisamment de gens qui seront d'accord pour faire des études longues, pour faire des boulots qui sont exigeants intellectuellement, etc. Moi, je ne me fais pas trop de souci de ce côté-là. Et puis ensuite, ça pose la question des boulots pénibles.
[00:02:12] Qui acceptera de faire des boulots pénibles si on est toutes et tous payés pareil ? Ça, c'est une question qui vient souvent quand on parle, enfin surtout quand on parle de revenus inconditionnels. Je suis un des défenseurs du revenu inconditionnel aujourd'hui en France. Donc, je dis tout le monde devrait percevoir un revenu sans condition et sans contrepartie, un revenu suffisamment élevé pour pouvoir se passer durablement d'emploi. C'est-à-dire un revenu suffisamment élevé pour pouvoir refuser un emploi si on définit que les conditions d'embauche ne sont pas satisfaisantes, que les conditions de rémunération ne sont pas satisfaisantes, etc.
[00:02:40] Et en fait, très vite, l'objection, c'est mais qui fera le boulot chiant si on a la possibilité d'avoir un salaire sans forcément avoir un emploi ? Ce qui me semble être une très très bonne question, mais qui pointe, à mon sens, l'injustice extrême de notre système salarial aujourd'hui, puisque en fait, aujourd'hui, on a la possibilité de payer très mal ceux qui font ces boulots chiants, alors que de mon point de vue, ça devrait être le principal critère de justification des inégalités salariales. Plus mon boulot est chiant, plus je devrais être payé. Oui.
[00:03:11] Et puis, pour moi, il y a aussi, je ne suis pas du tout expert du revenu inconditionnel, mais une question classique qui revient aussi de, est-ce qu'on aura encore envie de travailler ? Oui, mais même chose, en fait. À ce moment-là, ça pose la question du regard qu'on pose sur l'emploi et des objectifs collectifs qu'on veut se donner. Effectivement, j'espère que si on mettait en place un revenu inconditionnel, on serait nombreux et nombreuses à se dire, il y a des choses vachement plus intéressantes à faire dans la vie, que de chercher à bosser 35 heures par semaine ou plus,
[00:03:40] que de chercher à produire toujours plus d'année en année. Ça va être mon côté décroissant qui parle. J'espère qu'on pourrait, à ce moment-là, se donner comme objectif, non pas de produire des emplois autant que possible, en faisant de l'emploi le produit final de notre activité économique, en se disant que l'emploi est un bien à part entière. J'espère qu'on ferait le choix, à l'inverse, de se dire comment est-ce qu'on s'organise collectivement pour avoir à bosser le moins possible, tout en répondant au mieux à nos besoins, en nous posant en amont la question du suffisant.
[00:04:08] Je crois qu'à l'époque, tu proposais un revenu égal au seuil de pauvreté sans condition ni contrepartie, égal à 1100 euros en France. Je ne sais pas, j'imagine qu'il y a eu des modélisations pour savoir est-ce que ce serait payable par la société ou est-ce que ce serait dans le rouge, dans le vert, j'en sais rien. Oui, je peux y répondre très vite, parce que c'est une très grosse question. Si on tire le fil, on va très très loin. Mathématiquement, c'est possible. Et après, en même temps, moi, ma position maintenant, c'est, peu importe de savoir si c'est possible ou pas,
[00:04:38] moi, je défends le revenu inconditionnel essentiellement comme expérience de pensée, en me disant, le revenu inconditionnel permet de pointer plein de dysfonctionnements de notre société actuelle. Et toutes les objections qui sont opposées au revenu inconditionnel peuvent aisément être retournées contre la société actuelle. Donc typiquement, les tâches pénibles, on en parlait tout à l'heure, on met en place un revenu inconditionnel, mais qui fera les tâches pénibles ? Qui les fait aujourd'hui ? Est-ce que c'est juste, en fait, de déléguer, reléguer systématiquement les tâches pénibles aux subalternes ? À aucun moment, c'est juste. En fait, se poser cette question-là,
[00:05:08] ça revient à dire, heureusement qu'il y a des pauvres aujourd'hui qui n'ont pas d'autre choix que de réaliser les tâches pénibles à notre place. Et à aucun moment, c'est juste. Quand je le dis à haute voix, je me rends compte que je ne devrais pas le dire. Donc du coup, ça permet de se dire, il y a des choses dans notre société qui ne fonctionnent pas. Le revenu inconditionnel, je dis souvent, il faut passer la société au révélateur du revenu inconditionnel. Le revenu inconditionnel permet de révéler tous ces dysfonctionnements. N'attendons surtout pas la mise en place d'un revenu inconditionnel pour traiter ces dysfonctionnements. Et lorsque nous aurons traité ces dysfonctionnements, alors sans doute que nous n'aurons plus besoin de mettre en place un revenu inconditionnel, en tout cas,
[00:05:38] pas tel que je l'ai défini. Alors, cet extrait t'a plu ? Abonne-toi pour être prévenu dès que l'interview complète sort. Et si tu écoutes cet extrait plus tard, tu peux lancer l'interview complète tout de suite. Bonne écoute !