Tu veux donner du sens à ton argent ? Rejoins la Nef !
_
De plus en plus d'athlètes prennent position sur des sujets éthiques... mais le jeu en vaut-il la chandelle ?
Aujourd'hui, je vous fais découvrir Vent Debout, un podcast engagé sur pourquoi le sport est politique !
Avec dans cet épisode : la championne de wingfoil Flora Artzner et la militante Camille Etienne.
Bonne écoute !
► Abonne-toi au podcast Vent Debout !
__
Merci au sponsor du mois : la coopérative bancaire la Nef !
Découvre leur livret bancaire gratuit qui finance des projets engagés sur t.ly/lanef.
Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
[00:00:01] Le soleil, les week-ends entre potes, et m**** ! La roue de ma valise a encore cassé ! Tu savais que 8 valises endommagées sur 10 ne sont jamais réparées ? DotDrops, c'est une valise conçue pour durer très longtemps. Elle est même garantie 20 ans et hyper simple à réparer. Il t'envoie la pièce à réparer gratos et tu répares ta valise en 5 minutes en moyenne, sans bouger de chez toi. C'est mieux que de jeter sa valise pour une roue cassée, non ?
[00:00:27] Avec DotDrops, on arrête de jeter, on répare et on fait durer. Alors si tu veux voyager responsable, rendez-vous sur DotDrops.fr DotDrops.fr Bienvenue dans Soif de Sens, des histoires d'humains qui changent le monde. Chaque semaine, je reçois un humain écolo ou solidaire pour t'aider à incarner le changement.
[00:00:51] Et aujourd'hui, c'est un épisode bonus où je te fais découvrir un podcast engagé que je kiffe, que je viens de découvrir, en te diffusant un de ces épisodes. Il s'agit du podcast Vent Debout sur pourquoi le sport est politique. C'est trop intéressant, j'adore le sport. Et comment on peut l'adapter au changement climatique, parce que du ski sans neige ou des marathons sous 50 degrés, c'est pas ouf. Et comment le sport peut aider à changer le monde. Ils interviewent des athlètes, des militants et des chercheurs.
[00:01:20] Au-delà de l'épisode d'aujourd'hui, je vous conseille deux épisodes. Les deux premiers du podcast, qui s'appelle Changer les règles du jeu sur, ok, c'est quoi le vrai poids écologique du sport. Et le second, plus vite, plus haut, plus fort, sur les liens justement entre le sport, la performance et le capitalisme. Et comment est-ce qu'on peut avoir un rapport plus sain au sport. Voilà, alors abonnez-vous à Vent Debout. Et l'épisode que j'ai choisi, que je vous glisse dans les oreilles aujourd'hui, que vous allez entendre maintenant,
[00:01:47] il parle des risques que prennent les sportifs quand ils se rebellent face à une injustice sociale ou écolo. Avec Flora Hartzner, championne du monde de wingfoil, et Camille Etienne, qui parle plus dans la deuxième partie de l'épisode sur les liens entre sport et écologie, et comment on a besoin que les sportifs rejoignent le combat environnemental. Donc voilà, je suis ravi de vous faire écouter Flora Hartzner et Camille Etienne au micro. Vent Debout. Bonne écoute.
[00:02:14] Tous les coureurs du peloton obligés de mettre pieds à terre. Des manifestants ont bloqué la route. Certains sportifs s'indignent, comme Alexis Pintoureau. 39 joueuses en grève réclamaient des changements structurels profonds au sein de la Fédération Espagnole de Football. De plus en plus d'athlètes prennent la parole sur des sujets de société. Des sportifs de la NBA soutiennent Black Lives Matter. Les footballeuses espagnoles se mettent en grève pour augmenter leur salaire minimum.
[00:02:42] Récemment, le skieur alpin Alexis Pintoureau boycotte une étape polémique de la Coupe du Monde pour raisons écologiques. Pourtant, ces luttes ne sont pas sans risque. L'athlète qui prend la parole sur un sujet politique, au-delà des éco-gestes, prend le risque d'être blacklisté par les institutions ou ses sponsors. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Quelles sont les actions qui font vraiment la différence ? Où taper fort pour avoir de l'impact et surtout, sur qui ?
[00:03:11] Suivez-nous dans ce troisième épisode de Vendez-Bout, à la rencontre de la championne du monde de Wimfoil, Flora Hartzner, et de l'activiste écologique Camille Etienne, pour savoir si... Militer dans le sport est une traversée en solitaire. Je suis Sylvain, ancien skieur alpin, cancre de fac de sport et réalisateur. Et je suis Clotilde, citoyenne adepte de sport en pleine nature, entrepreneur et journaliste. Vous écoutez Vendez-Bout, l'émission qui vous emmène en immersion
[00:03:38] à la rencontre d'athlètes et de chercheurs pour repenser nos pratiques sportives. Parce que le sport aussi, c'est politique. Voilà la plage de l'air. C'est trop beau et il y a un sentier du littoral qui part de là. Tu peux faire tout le tour et tu fais une boue comme ça, c'est rien de trop bien.
[00:04:08] Moi j'habite en face là. Et t'habites là-bas depuis toujours ? T'as grandi... Tu vois, j'étais au lycée là en gros. Il y a une petite colline où on voyait la mer, le spot. C'était ouf, je faisais de la blanche à voile à l'époque. Flora Hartzner est ingénieure, championne du monde de Wimfoil et organisatrice d'une compétition internationale. J'ai vraiment mes racines ici.
[00:04:36] Donc moi je suis née à Yer, j'ai grandi à Carcan, une petite ville à côté. J'ai été au collège, au lycée à Yer. Donc là on se trouve ici sur la presse de Gien. Donc sur la commune de Yer, les Palmiers. Et voilà, c'est là où j'ai fait mes premières balades avec mes parents, où j'ai appris la planche à voile quand j'étais jeune. En 2021, Flora crée sa propre compétition de Wimfoil, la Roca Cup, pour prouver aux organisateurs de sa discipline
[00:05:03] qu'un événement à moindre impact et égalitaire entre les hommes et les femmes est possible. Des épreuves mixtes, une égalité des prize money, des stands tenus par des associations locales ainsi que des ateliers de sensibilisation. Ce sont les éléments clés de cette compétition qui tend aussi vers le zéro déchet. Oui, c'est un endroit qui est important pour moi parce que c'est de là où je viens. C'est un peu ma base.
[00:05:29] Et c'est là donc que tu as appris le Wimfoil ? Pas tout à fait. J'ai appris sur un lac dans les Hautes-Alpes, pas très loin. Enfin appris, c'est-à-dire j'ai fait deux, trois bords une après-midi. Mais après, oui, c'est ici où j'en ai fait ensuite plus régulièrement. C'est là où j'ai acheté mon premier matériel d'occasion. J'ai commencé à faire mes premiers bords, mes premiers sauts. Et aujourd'hui, je m'entraîne dès qu'il y a du vent.
[00:06:04] C'est-à-dire que toutes les vacances, on partait faire de la rando en montagne ou ici, là sur le littoral. On était toujours immergée en pleine nature. Et j'ai toujours été sensible à l'impact de l'homme sur son environnement. Ça m'a toujours beaucoup touchée. Donc j'ai fait des études d'ingénieur en agronomie tropicale et développement rural. C'est-à-dire plutôt orienter agroécologie et environnement. Et je me suis spécialisée dans tout ce qui était biodiversité.
[00:06:31] Et puis j'ai travaillé pendant de nombreuses années à l'étranger. C'est ce qui a occupé quand même beaucoup mon temps. Est-ce que tu te rends compte dans le quotidien, ici, de l'environnement qui se transforme, qui évolue, qui change ? Est-ce qu'il y a des choses visibles ? Tu t'en rends compte un petit peu quand tu fais attention. Il y a beaucoup de choses qui sont invisibles. Par exemple, toutes les questions de surpêche. Tout ce qui se passe sous l'eau, tu ne vas pas forcément le voir.
[00:06:59] Tu vas voir qu'il y a de plus en plus de plastique. Clairement, tu te prends des plastiques dans le foil. Ça, un peu partout sur la planète. C'est déjà arrivé en compétition ? Oui, moi je suis déjà tombée plusieurs fois à cause de plastique dans le foil. Et ça sera de plus en plus le cas. Quel est l'avenir du foil dans ces situations ? La température de l'eau qui se réchauffe. On l'a vu tout à l'heure, on est allé à l'eau. On est à peu près mi-juin et l'eau chaude comme en plein été. Très, très chaud.
[00:07:30] Toutes les questions des canicules mariennes, etc. Après, les personnes qui ne sont pas sensibilisées, on se dit que c'est cool, on peut aller dans un maillot de bain, c'est trop bien. Mais ça, c'est un impact sous l'eau qui est désastreux. Et puis la question de la pollution de l'eau. Là, ça va être typiquement, après des phénomènes de fortes pluies, ça va être des personnes qui vont avoir plus facilement des otites, par exemple. Et ça, c'est quoi en fait ?
[00:07:58] Tu ne sais peut-être pas d'ailleurs, mais qu'est-ce qui va créer justement des otites ? C'est parce qu'il y a des choses de la Terre qui se déversent dans la mer ? Je ne suis pas du tout experte, mais j'imagine qu'il doit y avoir des polluants. Ça peut être aussi des bactéries, je pense, qui, voilà, l'eau qui ruisselle, on a de moins en moins d'infiltrations, avec de plus en plus de bétonisation ici sur la côte. L'eau ruisselle va récupérer tous les polluants à la surface et va tomber dans les réseaux, puis dans la mer.
[00:08:24] Donc en fait, l'impact terrestre des pollutions sur la mer est énorme. Que ce soit des pollutions chimiques ou des macros ou micro-polluants. On parle des plastiques parce que c'est visible, mais il y en a plein d'autres. Et il y a tous les plastiques qu'on voit moins aussi, les micro-plastiques, les nanoplastiques. Tout ça, c'est un panxiogène. J'essaie de ne pas trop y penser quand je suis à l'eau. Mais voilà, on s'en rend un petit peu compte.
[00:08:51] Selon le WWF, chaque année, 8 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans. Ce qui représente l'équivalent d'un camion poubelle de plastique par minute. Nos diverses pollutions sur ce milieu ont déjà des conséquences sur nos pratiques. Flora parle des plastiques qui se bloquent dans son foil. Mais à Marseille, par exemple, Il n'est pas rare de voir les plages interdites à la baignade après de fortes pluies. En cause, les bactéries présentent dans les eaux de ruissellement. En juillet dernier, par ailleurs,
[00:09:19] c'est pas moins de 57 triathlètes qui sont tombés malades après une épreuve de natation en mer au Royaume-Uni. À cause de la bactérie E. coli présente dans les eaux usées que l'on déverse sur le littoral. J'aime bien ton vanne. Ouais ? Ouais. C'est canon. Il y a le minimum vital, mais c'est cool. Tu peux dormir dedans et mettre mon bordel. Je dirais qu'il y a un sacré bordel. Il y a un sacré bordel. J'ai beaucoup trop de trucs. J'ai du mal à... Tu sais, il y a une espèce de théorie de toujours tout avoir, en fait.
[00:09:49] Parce que tu sais jamais, il peut toujours te manquer le truc. Tu vois, là, on n'avait pas pris le skate. Ben voilà, on avait besoin. Mais ouais, tu sais jamais quelles conditions tu peux avoir. Tu sais jamais ce que t'as envie de faire. Donc au moins là, je peux mettre tous les joujoux, partir. J'ai même la place pour mettre le vélo. Il y avait une compétition en Suisse, là où je suis partie avec le VTT. Tout le matos. Je dormais dans le camping. J'ai mon lit une place, le VTT à côté. Parce que souvent, il pleuvait. Et tout mon bordel dessous. C'était trop bien.
[00:10:21] Qu'est-ce que t'as fait pour essayer de faire bouger ton sport ? Ça a été tout un cheminement déjà avant d'arriver à la Roca Cup. Donc moi, j'ai commencé par me présenter au comité des riders. Donc c'est un peu le syndicat des riders du Tour Mondial. J'ai été élue. Et donc en interne, j'ai eu pas mal de discussions avec les organisateurs. Ce ne sont que des hommes sur le Tour Mondial. Et pour essayer de leur proposer de faire un tour. Déjà, faire des choses simples. Faire les petits gestes.
[00:10:50] Faire un tour qui soit le plus zéro déchet possible. Commencer comme ça. Faire un tour qui soit si possible plus égalitaire aussi. Vu que ce n'était pas du tout le cas. C'était beaucoup d'énergie de mon côté. Je travaillais quasiment à temps plein en tant que consultante en même temps. Et je prenais du temps off le soir. Pour des fois avoir des réunions de 2-3 heures avec eux. Pour leur proposer tout ça. Et en fait, je sentais que ça glissait sur eux. Et que ça ne prenait pas. Ils n'avaient pas envie.
[00:11:19] Parce que je pense qu'ils ne voyaient pas forcément l'intérêt derrière. Financier, en termes d'image. Pour eux, c'était juste une contrainte. Même si je leur proposais de les aider bénévolement là-dessus. Je me souviens de ce moment ultra gênant. Où il y avait un tour, on ne va pas le nommer. Qui veut se mettre en place avec plusieurs stops de Wing Foil en France. Et en gros, moi j'ai pris la parole pour essayer de donner un petit peu un retour d'expérience sur la Roca Cup. Pour aider les autres organisateurs d'événements.
[00:11:48] A ce que leur événement de Wing Foil se passe bien avec ce retour d'expérience. Et j'ai notamment parlé de l'importance de prendre en compte les enjeux sociaux, environnementaux et égalitaires. Et on m'a sorti que j'étais une extrémiste féministe. Alors que j'ai dit ça de façon ultra soft. Et ça a été très violent. Et j'étais la seule femme dans cette instance. Ils avaient tous plus de 50 ans. C'est impressionnant quand t'es une femme, t'as moins de 30 ans. Que t'as pas l'habitude d'organiser des événements sportifs.
[00:12:16] Et que tu dois prendre la parole auprès de directeurs de club, etc. Ça demande du courage, c'est difficile. Et en plus derrière, j'ai eu ce genre de remarques. Et c'est des choses qui arrivent quand même assez régulièrement. Mais pour autant, c'est marrant, dans ce même tour, j'ai vraiment remarqué qu'il y a eu aussi, suite à tout ça, il y a eu des changements. Et il y a eu certaines manifestations qui ont vraiment essayé de prendre ce rôle vers là. Donc je me suis dit que j'ai bien fait d'en parler.
[00:12:52] Juliette, ma sœur. En fait, on s'était dit, mais je n'ai pas mon téléphone avec moi. C'est pour ça que je n'ai pas réussi. Que peut-être on pourrait aller faire du skate wing. Sauf que je ne sais pas si j'ai le skate. Il y a un petit peu d'est. Et où ça tu veux faire ça ? Comme d'hab à la capte, là, sur le parking. Et du coup, on ne va pas faire paddle baignade wing ? On peut aller le faire, mais je voulais juste aller voir d'abord s'il y avait moyen de se faire un peu de skate wing. Sauf que je ne suis pas sûre d'avoir le skate avec moi.
[00:13:30] Il y a une phrase que j'ai beaucoup retenue, que tu n'as pas mentionné nécessairement aujourd'hui, mais parce qu'on a déjà échangé un peu avant. Les ramassages de déchets, j'en ai un peu marre. C'est un peu aussi de poids, de mesure finalement. Évidemment que c'est essentiel, évidemment qu'il faut le faire. Mais comment on pense aussi les actions qui sont vraiment transformatrices et qui vont vraiment changer la donne ? Oui, je pense qu'il faut continuer à faire des petits gestes parce que ça permet de sensibiliser le plus grand nombre.
[00:13:58] Ça permet aussi de se sentir soi-même en accord, d'agir et de ne pas être un gros pollueur si c'est une question qui est importante pour nous. Mais par contre, derrière, il faut des décisions fortes, des personnes qui ont le pouvoir. Nous, en tant que sportives et sportives, on peut avoir un impact et que c'est vous qui décidez de comment mettre en place nos compétitions. Nous, on est juste des pions là-dedans. Donc si vous ne prenez pas ces décisions-là, nous, ça va être compliqué de suivre derrière. Ça doit venir de vous.
[00:14:28] Par exemple, en Wingfoil, on se retrouve avec deux tours concurrentielles, avec une dizaine d'étapes aux quatre coins du monde sur chacun des tours. Et c'est difficilement vivable d'un point de vue environnemental, mais aussi d'un point de vue financier. Aujourd'hui, tu regardes les compétitions. Clairement, c'est en majorité des personnes blanches, de classe aisée, qui vivent dans des pays occidentaux, qui peuvent facilement avoir des visas pour voyager. Parce qu'il y a ça aussi.
[00:14:56] Suivant les pays, tu n'es pas forcément accepté en fonction de ton pays d'origine, même si tu es meilleure mondiale. Actuellement, tu es championne du monde. Est-ce que tu te considères vraiment comme la championne du monde ? Je me dis non. En fait, je suis la championne de... J'ai gagné parmi celles qui étaient présentes, mais pas parmi toutes les riders qui font de la Wing. Tu vois ? Parmi les riders présentes qui ont eu la possibilité de venir,
[00:15:26] qui ont eu le temps, les moyens, etc. À ce moment donné-là, en plus, tu vois ? Tu vois, tout simplement, la porte est comme ça, et le vent va s'engouffrer dans l'aile, va glisser sur...
[00:15:54] Ça, c'est le spi, en fait. Donc, pour... Une aile de... Comme pour le milieu de la voile, va glisser dessus, et donc, du coup, c'est comme ça qu'il va avoir la portance nécessaire pour permettre de voler. Donc, en gros, tu as le vent qui rentre dans l'aile. Toi, tu es sur ta planche. Normalement, tu as un foil dessous. Le foil, ça se compose d'un mât, de ce qu'on appelle un avion. Tout ça, c'est sous l'eau. Et quand tu as assez de vent, et donc, après, assez de vitesse
[00:16:25] générée par ta voile, ça va te permettre de petit à petit monter sur le foil. Et donc, en fait, cet avion va monter dans l'eau pour aller se caler toujours dans l'eau, mais à la surface. Et donc, toi, tu vas pouvoir jouer, en fait, sur ta hauteur de mât. Et nous, c'est comme ça qu'on fait du freestyle, en fait. On fait comme un effet un peu trampoline. C'est-à-dire qu'en gros, on descend sur le mât, on va caler la planche presque près de l'eau, tout ça en une seconde, quoi, tu vois. Et on va appuyer d'un coup sur le pied arrière pour faire remonter l'avion,
[00:16:55] remonter le mât, et du coup, pouvoir faire un saut comme ça, quoi, tu vois. Ok. Ouais, je vois très bien. Voilà. Donc, la trampoline, ça me parle pas mal. Et je me rappelle, je t'ai entendue déjà dire, d'ailleurs, à l'époque, je faisais des rapports, mais tout le monde s'en foutait. Ouais. Et aujourd'hui, je suis sportive et j'arrive un peu plus à passer des messages. Mais clairement, c'est ce qui, aujourd'hui, fait que je suis là,
[00:17:24] que j'ai accepté d'être là, ici, pour parler de ça et de prendre du temps sur du temps où tu t'entraînes pas, etc. Parce que je me dis, c'est un peu un devoir, mais presque, en fait, à partir du moment où tu as cette lumière-là, je me dis, en fait, c'est rare et précieux d'avoir de la lumière. Il y a peu de gens qui l'ont. Et je me dis, quitte à l'avoir, autant essayer de faire passer des messages qui, moi, me portent, maintenant que je l'ai. Et c'est ce qui me booste aussi
[00:17:54] finalement à reprendre la compétition, même si je me suis beaucoup questionnée sur ça. Parce qu'en fait, si t'es pas visible, tu fais rien passer. C'est-à-dire que si tu fais des actions, que t'essayes d'être parfait dans ton coin, tu vas être en cohérence avec toi-même. Très bien, c'est déjà énorme. Mais par contre, tu ne peux pas changer grand-chose. En tout cas, tu ne peux pas prétendre à essayer de changer grand-chose. Et je ne sais pas si je vais arriver, moi, à changer grand-chose, mais en tout cas, j'ai envie d'essayer.
[00:18:23] Et pour ça, il faut pouvoir être visible. Pour être visible, il faut pouvoir gagner. Et ça fonctionne comme ça aujourd'hui dans notre société. Donc, je me dis, autant utiliser ce fonctionnement-là pour faire passer des messages qui, moi, me semblent forts et importants. Tu vois, j'avais discuté avec, par exemple, des riders en montagne, donc un milieu que je connais moins, qui me disaient, à partir du moment où, par exemple, Kylian Jornet a commencé à passer des messages
[00:18:52] sur l'écologie, il y a toute une génération qui s'est emparée de ça et qui a commencé à l'intégrer dans ses pratiques sportives. Donc, moi, je trouve ça incroyable et ça serait juste trop chouette s'il y avait des footballeurs pro, rugbyman, rugbywoman, enfin, des personnes, voilà, d'autres aussi, milieux. Et j'imagine qu'il y en a déjà, je ne les connais pas forcément bien, mais qui passent des messages là-dessus. Ça demande du courage, ce n'est pas facile. Mais par contre,
[00:19:21] je pense que l'impact, il est énorme. Ça demande du courage dans quel sens ? Ça demande du courage vis-à-vis... Oh, j'adore. ça vit longtemps qu'il n'a pas plu... Ouais, c'est cool. Ça demande du courage dans quel sens ? Est-ce que c'est parce que le fait de prendre la parole de fait sur les réseaux sociaux, c'est le fait de s'exposer ? Et ça, déjà, c'est quelque chose qui est important et parfois qu'on sous-estime. Mais est-ce que ça demande aussi du courage parce que
[00:19:51] ça peut éventuellement créer de la friction dans ton sport directement ? C'est-à-dire avec tes partenaires, avec tes collègues riders ou rideuses, avec en tout cas tout l'univers du sport en tant que tel ? Bien sûr, c'est les deux. Tout à fait. En fait, à partir du moment où tu prends la parole, tu prends un risque, tu t'exposes à ces critiques-là et surtout, je pense que ce n'est pas forcément ce qu'on attend de toi. On attend que tu gagnes des médailles. On attend que tu gagnes des médailles. On attend que tu ramènes des médailles
[00:20:20] à ton pays dans cet esprit nationaliste et pas que tu sois forcément porte-parole, je pense. Il y a des sportifs et c'est très admirable et sportives qui l'ont fait, qui le font et moi, je trouve ça courageux parce qu'en fait, tu peux mettre en péril toute une carrière. Tu peux te voir te fermer des portes. Il y a vraiment une prise de risque et je pense que les personnes ne se rendent pas compte. Je pense que parfois, c'est pour ça que moi, je ne peux pas juger les sportifs
[00:20:50] qui n'essayent pas parce qu'en fait, c'est dangereux. C'est clairement dangereux. Moi, ce qui me donne de la force, c'est d'essayer de faire ça ensemble. C'est-à-dire qu'à partir du moment, je me retrouve seule, ce qui est souvent mon cas à certains moments dans le milieu du sport, apporter certains messages. J'y perds. Ça devient lourd. Ça devient très lourd sur les épaules
[00:21:19] et c'est difficile de garder cette envie-là quand on se sent seule. Moi, ce qui me porte, ce serait d'arriver à créer des projets pour proposer un autre récit sur le sport et le sport de haut niveau. Je n'ai pas forcément envie de faire ça toute seule. J'aimerais qu'on soit plusieurs à le porter et qu'on donne envie en fait, que ce ne soit pas quelque chose où on a l'impression qu'il y ait juste des restrictions et qu'il y ait juste
[00:21:49] une approche négative autour de ça. Tu as déjà un petit peu une ébauche de ce récit et ce serait quoi pour toi ce récit ? En tout cas, qu'est-ce que tu as envie de changer au récit actuel ? En fait, moi, j'aimerais idéalement pouvoir pratiquer du sport à haut niveau sans me retrouver tout le temps avec une dissonance cognitive super forte entre la direction écologique vers laquelle on devrait aller pour pouvoir respecter des engagements écologiques pour garder
[00:22:19] une planète vivable et la vie qu'on doit mener en tant que sportif et je pense qu'il y a un entre-deux qui est possible qui n'est pas forcément enfin, je pense qu'il peut être facilement atteignable et je pense que ce récit devrait être là, ça devrait déjà être au quotidien de montrer qu'on peut vivre des expériences et des aventures. Moi, ce qui me booste, c'est vivre des challenges et des aventures, tu vois, ça me plaît et que c'est possible d'en avoir des fortes sans avoir à aller à l'autre bout de la planète.
[00:22:55] Dans ces luttes, Flora confesse qu'elle est parfois en proie à une solitude qui la pèse. Faire collectif et s'entourer est nécessaire pour ne pas se cramer car seule l'énergie à déployer pour faire bouger les choses tue la flamme à petit feu et fait de l'athlète un fusible trop facile à faire sauter. Comment créer ce lien lorsqu'on navigue entre deux mondes, celui du sport et celui de la protection de l'environnement ? Pour explorer ces questions liées au militantisme,
[00:23:24] nous nous sommes entretenus avec Camille Etienne, autrice du livre « Pour un soulèvement écologique, dépasser notre impuissance collective ». Mais avant d'être l'activiste que l'on connaît, Camille est aussi une ancienne athlète. C'est donc l'occasion d'explorer avec elle le lien entre sport et activisme et surtout de récolter ses conseils pour sortir de cet isolement parfois limitant. Mon rapport avec le sport, c'était d'abord un lieu de socialisation. C'est-à-dire qu'en ayant grandi en montagne
[00:23:54] en station de ski, en fait, il n'y a pas vraiment beaucoup de choix. C'est-à-dire que tous les enfants, on est au Baby Club, ça s'appelle. Après, on choisit est-ce qu'on fait du ski de fond ou est-ce qu'on fait du ski alpin ? Et on a vraiment 3-4 ans. Et en fait, souvent, c'est les parents qui choisissent, mais moi, ils m'ont dit « Qu'est-ce que tu veux faire ? » et j'ai choisi ski de fond parce qu'il y avait plus d'arbres et moins de gens qui passaient. Je crois que c'est vraiment très bizarre comme raison. Mais je me suis embarquée là-dedans et après, ça devient...
[00:24:23] On se construit à ça quand on est ado aussi. On se construit vraiment autour de ce projet-là parce que notre coach, ça devient notre deuxième papa. On a des classes spéciales, donc on est libérés des après-midi. Tous les week-ends, on est en compétition. L'été, on fait des longs stages où on dort en tente à droite, à gauche. On part s'entraîner partout en France. Camille, est-ce que le fait de pratiquer un sport en pleine nature a contribué à l'éveil de l'activiste
[00:24:52] que tu es aujourd'hui ? Bien sûr. En fait, c'est par essence un sport de pleine nature et même de montagne. j'étais au club de biathlon et en même temps, dans une classe après qu'on appelait... Je passais mon bac au pied en montagne. On avait trop de chance. Donc, on partait avec nos propres de physique fin autour du Mont-Blanc. C'était un petit lycée mais c'était vraiment le bonheur. C'est d'être dehors tout le temps. D'être beaucoup plus dehors que d'habitude et donc que ça fasse partie de ma vie concrètement en fait, même pas juste spirituellement ou de reconnexion.
[00:25:22] Juste concrètement. On passe beaucoup de temps dehors et donc on voit ce qui se passe, on voit ce qui bouge et on a une attache plus grande. Comme quelqu'un avec qui aurait passé plein de temps, on va plus s'inquiéter de sa santé que quelqu'un qu'on voit moins souvent. En tant qu'activiste climat, quel regard poses-tu sur le sport de haut niveau et l'industrie du sport qui l'accompagne ? Moi, j'ai un rôle super ambivalent
[00:25:50] et très conflictuel avec ça parce que le fait d'avoir grandi dans un milieu montagnard avec une famille là-dedans, avec des amis qui ont continué au haut niveau, j'ai plein de gens dont je suis très proche, que j'admire qui font ça. Des amis qui participent, qui sont athlètes pour les JO. J'ai plein d'amis qui sont restés dans la station de ski et qui vivent grâce au tourisme de montagne. Donc, je vois très bien la complexité de la chose et en même temps, bien évidemment que d'un point de vue d'activiste,
[00:26:19] je vois l'aberration que c'est. Et en fait, comment est-ce que ce qui est extrêmement triste et cynique, c'est qu'on est en train de détruire ce qu'on aime faire en le faisant. Donc, c'est ça qui est fou. Et je sais que le rapport principalement des montagnards, même des sportifs, il est super délicat à ça parce que c'est toute leur vie et en même temps, ils ne peuvent pas, on ne peut pas faire des marathons quand il fait 40 degrés. On ne peut pas faire tout un tas de sport quand il y a de la chaleur humide. On ne peut pas continuer des compétitions internationales où on prend
[00:26:49] l'avion, les Coupes du Monde, tout ça. En fait, ce n'est plus les éléments aussi gros que les Jeux Olympiques qui ramènent des gens du monde entier. En fait, ça, techniquement, si on regarde juste de ce qui est possible ou pas de faire, si on veut rester dans les 1,5 degrés, ça ne rentre pas dedans. Ça ne rentre pas dans la boîte de ce qui est possible. Mais en revanche, je sais aussi ce que ça apporte d'incroyable pour l'avoir vécu et comment c'est des valeurs dont on a vraiment besoin et que nous manque cette capacité d'unité aussi de plein de gens, plein de classes sociales différentes, d'être capable de rassembler,
[00:27:18] d'avoir ce sentiment de se battre pour un truc de plus grand que soi, d'accepter un terrain, d'accepter de règles du jeu, ce qu'on ne fait plus du tout aujourd'hui. On se tourne beaucoup vers les athlètes en ce moment, mais est-ce qu'on ne leur en demande pas trop ? On a l'idée que dans le sport, on est tenu qu'on demande tous des athlètes et c'est vrai, on demande tous des athlètes parce que c'est ceux qui sont visibles. Il faut aussi aller voir les fédérations, il faut aller voir les clubs, il faut aller voir les organismes. Mais en fait, eux, ils ont quand même ce pouvoir-là médiatique de dire « moi, ça me dérange ». Et c'est très dur aujourd'hui pour leur carrière
[00:27:48] un truc de lanceur d'alerte parce que s'il y en a un qui le fait mais il tombe, on le sait, et en même temps, ça fait que ça tient et que personne n'ose le faire alors que si d'un coup, il y aurait plein d'athlètes qui diraient « nous, en rugby, on trouve que ce n'est pas normal que ce soit Total Énergie qui se sponsorise », et d'un coup, ils auraient du mal, je pense, les fédérations, les clubs, les chaînes de voir se couper des 50 meilleurs joueurs mondiaux. J'imagine, c'est un peu ambitieux comme idée. Mais en fait, ça, c'est possible. Donc, je sais que c'est dur,
[00:28:18] sincèrement, et qu'on leur demande beaucoup, tout le temps, surtout, vie très importante par le fait d'avoir un sport de haut niveau. Mais, en même temps, ce serait super puissant, en fait, ne serait-ce que dans ce qui véhicule comme imaginaire aussi. Là, l'histoire des jets privés avec les joueurs de foot, en fait, maintenant, ils ont pris le train et c'était cool. Et donc, ils ont un rôle prescripteur sur toute une population. Ils le savent. Donc, il y a ça qui a changé, mais il y a aussi, pour moi,
[00:28:48] comment est-ce qu'ils arrivent à jouer un rôle politique en ayant un peu ce côté lanceur d'alerte, en fait. Et nous, on attend d'eux aussi d'être capable parfois de nous rejoindre. Si on fait quelque chose et il y avait la grave autrement avec le soulèvement natal qui avait fait une zade en haut d'un glacier et ça aurait été incroyable qu'il y ait des athlètes qui disent « ok, je vais passer deux jours avec vous ». Le collectif est pour le maintien du ski à la grave, pour le maintien des deux premiers tronçons de téléphérique. Or, il faut voir qu'aujourd'hui, le village n'est pas en détresse économique avec le téléphérique existant.
[00:29:18] C'est une station de freeride, d'alpinisme et de glisse unique en France internationale. Et oui, là vous vous battez pour que ce qui est l'endroit où je fais tout mon sport, qui est l'endroit de... On sait que c'est pas juste faire son sport quand on est vraiment sportif, on habite de notre corps, moi même quand je regarde mon frère qui fait du parapente et de l'alpinisme, c'est leur existence qui sont accrochées à ces endroits. Ça,
[00:29:47] ça peut disparaître, c'est en train de le faire, c'est en train de se déliter sous nos pieds et donc d'être capable d'aller et de prendre un peu ce risque-là. En fait, c'est gagné aussi si on reste dans cette logique de perdre et de gagner. C'est gagné aussi, mais c'est une course tellement plus grande. Beaucoup d'athlètes qu'on interroge n'osent pas prendre la parole sur ces sujets parce qu'ils ne se trouvent pas assez exemplaires. Qu'est-ce qu'on peut leur dire ? L'exemplarité,
[00:30:16] j'ai envie de dire, il faut y travailler toujours tout en rappelant et ça, c'est peut-être aussi de l'autre côté un chemin qu'on doit faire qu'on vit dans un monde et que donc précisément on va toujours individualiser la responsabilité. On ne peut pas juste embêter qu'il y ait un Mbappé de prendre un avion on doit dire à la fédération pourquoi vous ne leur piez pas des bris de train ? Pourquoi vous leur donnez même la possibilité de le faire ? C'est quand même ridicule. C'est aussi d'aller toucher les bons endroits, les endroits de décision en fait. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup à faire
[00:30:46] et par ailleurs ils ne sont pas seuls. C'est-à-dire que toujours, moi j'ai toujours dit aux sportifs, aux sportifs que j'ai rencontrés nos portes sont ouvertes, je serais très heureuse d'échanger, je l'ai fait plein de fois en dehors des écrans, comment est-ce qu'on avance ? Il y a Lénaïc Corson par exemple qui fait du rugby qu'on a beaucoup parlé depuis, elle a fait plein de choses, elle a fait changer plein de choses à la fédération. Elle est assez géniale, il y en a plein comme ça qui sont venus me voir et qui... On n'attend pas d'eux de devenir des activistes parfaits,
[00:31:16] de devenir des ambassadeurs du climat tout le temps, tous les jours, mais ça peut être au lieu de dire faire un peu et enlever les bouts et en plastique, non, c'est vraiment aller taper à des bons endroits là où en effet ils ont une place importante à jouer. Vraiment, et on commence à la voir plus avec le monde artistique. Il y a plein de... On connaît tous un peu les acteurs, les actrices qui s'engagent un peu plus, qui utilisent cette voix-là, qui viennent moins dans le milieu du sport. J'ai des exemples mais ils sont moins connus du grand public je trouve. Je trouve qu'il y a moins... C'est encore balbutiant. C'est encore balbutiant. Et là, il serait temps de le faire, vraiment.
[00:31:46] C'est même urgent de le faire. Nous, on peut faire toutes les manifs qu'on veut, on peut faire toutes les actions qu'on veut là-dessus si ça vient des gens qui sont admirés dans le milieu même. Mais c'est super puissant. Donc ça peut être juste... Ça peut ne leur demander pas forcément toujours beaucoup de temps, juste un peu de courage par contre. Un glacier creusé par une pelleteuse. Des images surprenantes qui font polémique. Certains sportifs s'indignent comme Alexis Pinturo, Johan Claret
[00:32:14] ou encore Florence Masnada, ancienne championne olympique. Il n'y a rien qui va. En fait, les images sont terribles. Ce n'est pas la promotion du ski qu'on fait là. C'est l'enterrement du ski qu'on est en train de faire dans ces conditions-là. Et ça, c'est sûr que ça donne un peu plus de cran que de refuser de poutiller en plastique. C'est super, refuser de poutiller en plastique on a besoin, mais peut-être qu'on peut aller de trier des déchets ou de faire des collabs avec des marques responsables. Je pense que ce n'est pas ça où c'est utile.
[00:32:43] C'est là où on ne les attend pas. C'est ça qui peut être très utile. C'est qu'ils soutiennent des choses qui sont criminalisées, qui sont toujours moquées, qui sont montrées comme étant des éco-terroristes, où on a un peintureau qui débarque, ça a une autre tranche. On aurait plus de mal de dire avec ces peintureux que c'est un éco-terroriste. Ce serait d'une puissance dingue s'ils nous rejoignaient.
[00:33:22] Voilà, les prochaines. On va voir. Je n'ai même pas fini le débrief de la première année parce que j'ai enchaîné sur les compètes derrière. Mais par contre, ce qui est intéressant à mentionner, c'est le succès de ça. C'est-à-dire que dès la première année, on a fini la Roca Cup mi-avril. De retour sur la plage de l'Almanar avec Flora Hartzner. Fin avril, il y avait la première étape de la Coupe du Monde à l'E4, au Mondial du Londres. Ça faisait des mois qu'on se battait en interne avec les organisateurs d'événements
[00:33:51] pour essayer de faire un price monégalitaire. Pas de réponse, pas de réponse, pas de réponse. La Roca Cup, on en remet une énorme couche. Une semaine après, je crois, après la Roca Cup, on nous apprend que ça sera égalitaire. Donc en fait, je pense que tu vois, il y a eu un imbriquement de tout le travail qui a été fait en amont, le travail qui a été fait par certains riders, mais aussi toute la couche qu'on a mise à la Roca Cup qui était énorme. Et en fait, en gros, j'essaie d'être maligne dans ma stratégie. Je me suis dit qu'est-ce qui est important pour les organisateurs ? Qu'est-ce qui va les faire changer ? Ce qui est important pour eux, c'est l'image.
[00:34:22] Pour le GWA, tout ce qui compte, c'est le côté ride, c'est ce qui va passer à la télé, c'est ce qui est diffusé par les riders. Et en fait, je me suis dit pour eux, si ça devient has-been de faire un truc inégalitaire, si ça devient craignose parce qu'en fait, ils peuvent se faire dénoncer, ils n'auront pas intérêt à le faire puisque ce qui compte pour eux, c'est l'image. Il n'y a plus qu'à changer ça et que ça devienne important pour eux d'un point de vue image que ça soit égalitaire. J'avais essayé d'autres stratégies, ça n'a pas marché et celle-là était successful du coup.
[00:34:51] Donc maintenant, les quatre premières femmes gagnent pareil que les quatre premiers hommes et après, comme il y a plus d'hommes que de femmes pour l'instant en compétition, les hommes gagnent jusqu'au huitième et nous, ça s'arrête au quatrième ce qui moi me paraît très bien. Comme ça, c'est normal. Sur la question environnementale, maintenant, il y a des efforts qui sont faits sur ce que j'appelle la partie greenwashing. C'est-à-dire qu'il n'y a plus les mini petites bouteilles plastiques, c'est les fontaines, les écogesses. Mais pour moi, tu comprends pourquoi je dis greenwashing parce qu'en gros,
[00:35:21] ils ont fait l'effort de remplacer par des fontaines, tout ça. Tu sens qu'il y a un petit effort qui est fait là-dessus pour autant, on a trois fois plus d'étapes cette année que l'année dernière aux quatre coins du monde. Donc en fait, si tu prends le bilan carbone global, je pense qu'il a clairement explosé cette année par rapport à avant. Par contre, les écogesses sont présents. Il l'explique comment ça ? Il en donne une explication ? Je pense que la réalité de ça, c'est surtout qu'organiser des compétitions, c'est un business et que plus t'en organises, plus tu gagnes de l'argent.
[00:35:56] Le wingfoil, c'est une discipline qui est relativement jeune, qui est un peu en train de se former aussi finalement. En tout cas, je vais dire, ce n'est pas de la pâte à modeler, mais presque. En tout cas, tu sens que ça peut aller dans une direction ou une autre. Ça serait quoi un peu tes aspirations pour le sport et du coup, les pratiquants ? Moi, je trouve ça... En effet, le wingfoil, c'est un sport quand même en pleine explosion. Maintenant, tu regardes, tu vas sur les spots, il n'y a quasiment plus personne qui fait de la planche à voile et du kitesurf, qui sont deux sports incroyables. Mais la plupart des personnes, il y en a beaucoup qui se sont reconvertis au wingfoil.
[00:36:26] Il y a énormément de personnes qui n'osaient pas faire de la planche ou du kites qui sont bien une folle. Donc, c'est un sport qui a explosé clairement dans les pratiques et qui évolue très rapidement. Et pour moi, c'est incroyable de faire partie d'un nouveau sport comme ça et de le voir tous les mois. Il y a des nouvelles figures qui sont inventées, il y a le matériel qui évolue et tout ça. Donc, ça, c'est très riche. Mais en tout cas, voilà, ça, c'est ultra stimulant de faire partie de ça. Après, moi, ce que j'aimerais, ça serait un sport qui aille un peu plus explorer mais plein de possibles, quoi.
[00:36:56] C'est-à-dire que ça soit à la fois en termes de compétition, ce qu'on a essayé de faire avec la Roca Cup, donc de faire des compétitions fun, des compétitions mixtes avec travailler, c'est pas parce que c'est un sport individuel qu'on ne peut pas essayer de faire des choses en équipe. Et ça, ça a vachement plus aux riders, par exemple. Ça qui est rigolo, c'est-à-dire que la Roca Cup, il y avait un niveau Coupe du Monde puisque moi, ce sont mes potes qui sont en Coupe du Monde qui sont vachement, que j'ai essayé d'intégrer de kite, de planche à voile et tout,
[00:37:25] de sport individuel. Et ils ont adoré faire du relais en équipe ou alors faire, tu vois, on a fait un Downwind sans partie d'un point à un autre. On a tous mis dans un bus pour monter. C'était vraiment la collo de vacances. Ils nous ont dit mais en fait, on a l'impression de faire un peu du team building grâce à la Roca Cup parce que sinon, on est un peu chacun en compétition les uns avec les autres. On ne passe pas forcément du temps ensemble. Donc tout ça, c'est des choses que je trouve intéressantes à explorer. Et après, moi, j'aimerais aussi qu'il y ait des choses qui soient explorées sur la partie matérielle
[00:37:55] et qu'on ne pense pas que forcément en termes de performance mais aussi en termes de, par exemple, de récup. Typiquement, comment est-ce qu'on peut faire du matos de wingfoil ? Je parle pour le grand public à partir d'anciennes boards de planches à voile, de snow paddle ou quoi qui sont destinées à la poubelle. Comment est-ce qu'on peut essayer de réfléchir à tout ça, cette seconde vie ? Donc la création en amont, l'utilisation et la seconde vie. Il y a des choses qui existent déjà là-dessus ? Pas trop, mais je suis allée chercher vachement ça sur la Roca Cup et donc j'ai rencontré
[00:38:25] des shepherds qui réfléchissent et qui commencent vraiment à se questionner là-dessus et donc ça, c'est des affaires à suivre. Mais disons qu'au niveau des grandes marques, il n'y en a pas tant qui ont cette réflexion-là. Donc voilà, moi, je trouve ça intéressant et puis après, d'un point de vue aussi social parce que ça reste là un sport qui est quand même
[00:38:54] accessible à juste une certaine partie de la population, déjà une population qui habite proche des côtes donc en général, c'est quand même des endroits où la vie coûte plus cher donc il faut avoir les moyens, du matériel qui n'est pas forcément accessible à tout le monde donc j'aimerais qu'il y ait potentiellement une réflexion ou au moins un partage qui puisse être fait parce que là, on est dans des milieux qui sont quand même très cloisonnés et où en fait, sur les spots, on rencontre toujours les mêmes 15 personnes et qui sont des personnes
[00:39:24] souvent privilégiées d'être là. Non, ça pourrait être intéressant et je pense que de tout ce mélange peut naître justement des innovations, des choses intéressantes. Voilà, moi je pense qu'il y a vraiment plein de ficelles à attirer et c'est ça qui est super stimulant. Flora ne se définit pas comme une militante, ses engagements
[00:39:53] prennent racine dans sa formation scientifique et son attachement à son milieu. Pourtant au fil des années, elle a découvert à quel point les questions environnementales sont liées à celles de l'inclusion sociale et de l'égalité homme-femme. Comme on peut parfois le voir ou l'entendre en manifestation, justice sociale, climat, même combat. Sa stratégie ? Faire évoluer les imaginaires des décideurs, organisateurs et autres riders pour changer leur conception du haut niveau et tendre vers plus de justice sociale
[00:40:23] et climatique. Cela en donnant des preuves par l'exemple comme elle l'a fait avec la Roca Cup. Mais nous savons que ce chemin peut isoler. Faire collectif est une nécessité pour se sentir soutenu et pour que nos actions aient plus de puissance. Car militer ne devrait pas être une traversée en solitaire mais une aventure collective. Avec d'autres disciplines d'abord qui partagent cette crainte de voir nos milieux de pratiques se détériorer. On pense par exemple à Protector Winters qui rassemble de nombreux acteurs
[00:40:53] de la montagne ou encore à Surf Rider qui oeuvre depuis des années à la protection des océans. Mais aussi pourquoi pas avec le mouvement climat comme nous y invite Camille Etienne en nous appelant à rejoindre les luttes qui touchent au territoire que l'on habite. Ce qui est certain c'est que les écogestes ne suffisent pas. Les ramassages de déchets, les partenariats avec des marques responsables et les films d'aventure engagés sont une première étape importante pour sensibiliser et toucher large.
[00:41:23] Mais pour vraiment faire bouger les lignes il faut aussi viser les lieux de pouvoir aller là où on ne nous attend pas et faire pression pour que ces instances n'aient plus d'autre choix que d'écouter et agir. Gardons en tête que les athlètes qui prennent la parole sur ces sujets politiques prennent un triple risque. Le harcèlement de leurs détracteurs l'incompréhension de leurs pairs et leur mise à l'écart par les sponsors et les institutions. C'est aussi notre rôle de les soutenir
[00:41:53] que l'on soit supporter pratiquant ou citoyen concerné. Parce qu'être athlète et s'engager pour plus de justice climatique ne doit plus être une traversée en solitaire. Merci d'avoir écouté cet épisode de Vendebou. Merci à Flora Hartzner pour l'initiation à la Wing. Vous pouvez la suivre et lui envoyer des mots de soutien sur son compte Instagram. Merci à Camille Etienne de nous avoir partagé son regard sur le sport
[00:42:23] et pour ses conseils d'activistes aguerris. Merci à vous, auditrices et auditeurs, de nous écouter et de partager nos épisodes de podcast. Vous pouvez nous retrouver et vous abonner sur vos plateformes préférées. Et sur notre site internet vendeboupodcast.fr, vous pouvez retrouver les articles, les entretiens, les événements et les photos de nos enregistrements. Vous pouvez aussi nous mettre 5 étoiles pour faciliter la découverte du podcast. Vous pouvez aussi retrouver dans le journal de bord de l'épisode les ressources et liens qui ont été mentionnés
[00:42:52] tout au long de cette émission. Et enfin, merci à notre partenaire l'IGN sans qui Vendebou n'aurait pu voir le jour. L'IGN est le service public de la cartographie. Sa mission, montrer les changements rapides du territoire liés aux activités humaines. Toutes ces cartes sont accessibles à toutes et à tous en ligne sur geoportail.fr et depuis 2021, la majorité de ces données sont gratuites. Vendeboup, c'est chaque mois l'émission qui vous emmène en immersion pour repenser nos pratiques sportives. Parce que le sport aussi,
[00:43:22] c'est politique.